* Romaine par moins 30
Romaine par moins 30 comédie de Agnès Obadia
avec :
Sandrine Kiberlain, Pascal Elbé, Elina Löwensohn, Pierre-Luc Brillant, Louis Morissette, Maxim Roy, Françoise Graton et Gilles Pelletier
durée : 1h25
sortie le 29 avril 2009
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Synopsis
Romaine a 30 ans.
Justin, son fiancé, décide de l’emmener à Noël dans le grand nord québécois pour y mener une nouvelle vie.
Mais au-dessus de l’Atlantique, Romaine, apprenant que l’avion va s’écraser, décide qu’elle ne veut pas mourir sans avoir avoué à Justin une vérité qu’elle lui a toujours cachée.
Cependant, rien ne va se passer comme prévu...
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Entretien avec Agnès Obadia
- : « Vous avez créé un personnage récurrent, qui vous accompagne de film en film, avec quelques exceptions. Comment est née Romaine ? »
Agnès Obadia : « Romaine apparaît pour la première fois dans un court-métrage, Romaine un jour ou Ça va pas. J’étais étudiante en cinéma, et j’avais envoyé au G.R.E.C un scénario en guise de travaux pratiques, qui, à ma grande surprise, a reçu une subvention. Et comme j’étais très effrayée par les acteurs, et qu’un premier tournage me semblait assez terrifiant, j’ai décidé de le réaliser et de l’interpréter. Je m’entendais bien avec ce que racontait le film : la journée d’une étudiante en cinéma qui accumulait des petits désastres qui transforment une journée en calvaire. Le personnage était drôle et tendre. J’avais très envie d’imaginer un personnage burlesque. Ce premier court-métrage a été primé à Clermont. Comme quoi, une fille qui a la poisse peut porter chance. Elle m’a permis d’envisager la suite : Romaine et les garçons, Romaine et les filles et un dernier épisode Romaine et Romaine qui ont formé mon premier long. En fait, Romaine, qui a tellement de mal à trouver du travail et qui passe son temps à faire des stages bidons, m’a donné l’assurance et l’envie de continuer à tourner. »
- : « Dans Romaine par moins 30, vous ne jouez pas Romaine. »
Agnès Obadia : « L’immense plaisir, ça a été de confier le rôle à Sandrine Kiberlain. J’avais très envie de voir ce qu’elle allait en faire, de lui prêter cette peau. J’adore Sandrine depuis longtemps, son humour n’est pas d’apparat, elle est élégante sans chercher à l’être, elle a la grâce tout en jouant la maladresse. Avec Sandrine, Romaine est lumineuse même quand elle est au bord du précipice et s’obstine à prendre les mauvaises décisions. Romaine, c’est une fille miroir dans lequel on peut se regarder et se reconnaître. Elle est émouvante et ridicule en même temps et, en s’identifiant à elle, on arrive à se moquer de soi-même. On s’attache d’autant plus à Romaine qu’elle est constamment en train d’agir malgré elle, au moment même où elle essaie de conquérir son indépendance. Cette contradiction dynamise le personnage et permet de tracer une véritable évolution entre le début et la fin du film. »
- : « Comment Romaine a-t-elle évolué ? »
Agnès Obadia : « Elle a mûri, mais elle garde toujours les mêmes bases : une silhouette hors du temps mais aussi une fille d’aujourd’hui qui fonce, qui tombe et qui se relève. J’ai toujours envie de la passer dans une machine à laver et de voir comment elle en sort. Pas pour la laver, mais pour la rendre encore plus chiffonnée et la secouer. Elle a quelques phobies. Mais c’est moins sa psychologie qui m’intéresse, que comment elle réagit selon les situations les plus invraisemblables. Elle s’arrange toujours pour qu’une embûche entraîne des conséquences de plus en plus dingues. De toute façon, c’est une fille qui passe sa vie à dire « de toute façon ». Indécise et terriblement déterminée. Bref, contradictoire. Lorsque le film commence, elle vit en couple avec Justin. J’ai choisi Pascal Elbé, parce que c’est un excellent acteur et parce qu’il peut, en toute vraisemblance, avoir l’air rassurant et costaud alors qu’il fuit et bascule dans la fragilité. »
- : « Partons de la première scène : elle a les yeux bandés, elle est amenée à l’aéroport par son amoureux (Pascal Elbé). Il décide de tout et lui paye une belle surprise : un voyage, peut-être pour la vie, au fin fond du Québec ! Pourquoi est-elle aussi passive ? »
Agnès Obadia : « Le film la cueille à l’instant où son seuil de tolérance, qui est immense, a atteint sa limite. Elle en a marre des surprises, elle en a assez qu’un type décide de sa vie pour elle. Je suis vraiment partie de l’image de la fille aux yeux bandés, qui n’a aucune possibilité de décider quoi que ce soit. Justin pense à tout, ce qui fait qu’elle a le sentiment de ne penser à rien. Il fait des surprises quotidiennes si bien qu’elles sont la routine. Et la plupart du temps, ce sont des surprises parfaitement égoïstes, qui lui font plaisir à lui : est-ce qu’il se demande cinq minutes si elle a envie de tout larguer pour élever des chiens de traîneau et vivre toute l’année sous la neige ? »
- : « Ce choix du fin fond du Québec en hiver est lié à un goût pour la difficulté ? »
Agnès Obadia : « Pas du tout. C’est lié à mon coup de foudre pour ce pays et pour les québécois ! Quand le premier Romaine est sorti au Québec, je devais y rester une semaine et je suis partie au bout d’un mois. C’était pendant une grosse tempête de verglas. J’ai tout de suite eu envie d’écrire une histoire qui se passait là. La neige favorise l’introspection, ce qui n’est pas tellement possible quand on tourne. En revanche, ça correspondait bien au personnage de Romaine, qui doit réfléchir au sens absurde de sa vie ! La neige est hors norme, plus silencieuse que le paysage habituel. De plus, la neige procure un sentiment de légère ivresse. C’était une évidence d’emmener Romaine dans un endroit où il fait froid et où elle n’a pas envie d’aller, et la perdre dans un décor démesuré. »
- : « Qu’est-ce que ça change de tourner sous la neige ? »
Agnès Obadia : « Tout ! On avait prévu de la fausse neige car depuis un certain temps, il ne neigeait plus à cette période. Economie considérable à ce poste : on n’en a pas eu besoin ! Chaque fois qu’il était écrit sur le scénario : Il neige. Il neigeait ! J’ai été très chanceuse, comme m’a dit le producteur québécois. Toute l’équipe technique était québécoise. Tourner par moins quinze demande plus de temps et exige une infrastructure plus lourde qu’en temps normal. Lorsque l’on passe de l’extérieur à l’intérieur, on met quarante-cinq minutes à réchauffer la caméra et à désembrumer toutes les lentilles. C’est plus fatigant aussi. Pour toute l’équipe. »
- : « Pour les comédiens, ça n’a pas dû être évident. Vous n’hésitez pas à vêtir d’une robe de mariée Sandrine Kiberlain, sous la neige. N’est-ce pas cruel même si l’image est surprenante ? »
Agnès Obadia : « Elle était encore plus dingue que moi, car pour cette scène, où il faisait moins trente, elle tenait à être sans sa doudoune, ce qui était d’ailleurs prévu dans le scénario. Tout le monde m’a dit que j’allais perdre ma comédienne. Nous avons dû beaucoup insister pour qu’elle accepte de mettre sa parka par-dessus sa robe. On n’a fait qu’une prise. »
- : « Tous les personnages secondaires sont très dessinés… Comment les avez-vous choisis ? »
Agnès Obadia : « Ils ont en commun une impossibilité de communiquer. Elina Löwensohn, que j’admire et dont je connais le travail depuis longtemps, m’a inspiré le personnage d’Antonia. Elle n’est pas très « comédie » mais j’aimais l’imaginer en hôtesse de l’air qui ne supporte pas l’avion, qui marche à contresens de sa vie et qui veut tout laisser en ordre. Elle est burlesque et touchante. J’ai découvert Pierre-Luc Brillant dans Crazy. Pour le personnage d’Etienne, qui est un doux dingue, je ne souhaitais pas trop forcer le trait psychopathe, juste sentir qu’il pouvait être un peu fêlé. Il fallait que l’on ait un peu peur que Romaine s’embarque avec ce type, tout en comprenant qu’elle lui fasse confiance. Pierre-Luc avait l’air si sincère quand il parlait de son grand-père que j’étais prête à le suivre ! Pour tous les autres rôles, j’ai interrogé des réalisateurs québécois, vu beaucoup de films et ai choisi la plupart des rôles en casting. Les acteurs québécois ont un jeu très coloré, très expressif qu’il faut harmoniser avec le nôtre. »
- : « Votre film est un road movie, dont on a du mal à se mémoriser le trajet, car l’héroïne a une fâcheuse tendance à retourner sur ses pas. Elle revient à l’aéroport, elle retourne chez les colocs qui l’accueillent, elle repart sous la neige. Si bien que l’on a un peu le sentiment qu’elle est prisonnière partout, où qu’elle se trouve… »
Agnès Obadia : « Romaine est légèrement claustrophobe et elle n’arrive pas à s’échapper. Comme ce sont les autres qui décident à sa place, elle porte au sens propre des costumes qui ne sont pas les siens : une parka garantie jusqu’à moins soixante-dix, une robe de mariée. Sa devise, c’est de penser que l’on est toujours mieux servi par les autres que par soi-même. Du coup, quand elle se retrouve seule, elle patine. Pour dire ce qu’elle pense, il faut qu’elle soit au seuil de la mort ou de la grande catastrophe. Cela dit, je ne pense pas que Romaine fasse du surplace même si son rapport au monde est fait de confrontations et de ratages. Le film décrit le parcours d’une fille qui réussit à se débarrasser de toutes les peaux qu’on lui attribue. »
- : « Voilà que l’on parle de Romaine par moins 30, comme d’un film existentiel ! Mais c’est avant tout une comédie. Est-ce que le film appartient à un genre ? Quels qualificatifs pourrait-on donner ? »
Agnès Obadia : « Comédie satirique douce amère ? En fait, je n’aime pas beaucoup les étiquettes. »
- : « On vous imagine très proche de Sandrine Kiberlain. »
Agnès Obadia : « Nous avons des paysages en commun, un même sens de l’autodérision, un humour semblable. Je n’ai jamais expliqué à Sandrine qui était Romaine. Elle la connaissait. Notre travail était basé sur la complicité. L’ayant interprétée, je pouvais simplement lui transmettre ses caractéristiques. »
- : « Imaginez-vous d’autres aventures avec ce personnage ? »
Agnès Obadia : « Oui. Bien sûr. Pas vous ? »
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Fiche technique
Réalisatrice : Agnès Obadia
Scénario et dialogues : Agnès Obadia, Laurent Bénégui, Lydia Decobert et Louis Bélanger
Images : Steve Asselin
Son : Claude La Haye, Sylvain Bellemare et Dominique Dalmasso
Direction artistique : André-Line Beauparlant
Premier assistant à la réalisation : Marc Larose
Costumes : Bethsabée Dreyfus et Sophie Lefebvre
Montage : Antoine Vareille
Casting : Lucie Robitaille et Gigi Akoka
Scripte : Joëlle Lambert
Chef maquilleuse : Micheline Trépanier
Chef coiffeur : Réjean Goderre
Photographe de plateau : Caroline Hayeur
Photographe affiche : Patrick Swirc
Artwork : Rageman
Producteur : Nicolas Blanc
Coproducteurs : Roger Frappier, Luc Vandal, Denise Robert, Daniel Louis et Laurent Bénégui
Producteur exécutif : Luc Vandal
Directeur de production : Diane Arcand
Film-annonce : SoniaToutCourt
Distribution : UGC Images
Attachés de presse : Christopher Robba, Julien Bidet et Nicolas Hoyet
En association avec : Banque Populaire Images 8 et Banque Populaire Images 9, La Banque Postale Image, Soficinéma 4 et Soficinéma 5 et Sofica UGC 1
Avec la participation de : Canal + et de CinéCinéma du Ministère de laCulture et de la Communication (Cnc) Sodec Société de développement des entreprises culturelles - Québec / Téléfilm Canada dans le cadre d’une coproduction Canada-France / Québec - Crédit d’impôt cinéma et télévision - gestion Sodec / Canada - Programme de crédit d’impôt pour production cinématographique
Une coproduction : France-Canada, Agat Films & Cie, Max Films, Cinémaginaire, UGC Images et France 2 Cinéma
© Agat Films & Cie Max Films Cinémaginaire UGC Images France 2 Cinéma
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Séverine Garrido
logos & textes © www.ugcdistribution.fr
photos © Philippe Bossé / Cyclopes