* Frost / Nixon, l’heure de vérité
Frost / Nixon, l’heure de vérité drame de Ron Howard
avec :
Michael Sheen, Frank Langella, Kevin Bacon, Rebecca Hall, Toby Jones, Matthew Macfadyen, Oliver Platt, Sam Rockwell, Andy Milder, Kate Jennings Grant, Gabriel Jarret, Jim Meskimen, Patty Mccormack, lieutenant colonel Gene Boyer, Gregory Alpert et dans son propre rôle Patrick Terrall
durée : 2h02
sortie le 1er avril 2009
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Synopsis
En 1977, l’interview télévisée de l’ancien Président Richard Nixon menée par David Frost a battu le record d’audience de toute l’histoire du petit écran américain pour un magazine d’actualités. Plus de 45 millions de personnes ont assisté à un fascinant affrontement verbal au fil de quatre soirées. Un duel entre deux hommes ayant tout à prouver, et dont un seul pouvait sortir vainqueur. Leur affrontement a révolutionné l’art de l’interview-confession, a changé le visage de la politique et a poussé l’ancien Président à faire un aveu qui a stupéfié le monde entier... à commencer sans doute par lui-même.
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Notes de production
David Frost : « Seul l’un d’entre nous peut gagner. »
Richard Nixon : « Comptez sur moi pour être votre plus féroce adversaire. Je vous attaquerai avec tout ce que je pourrai. Car seul l’un de nous deux peut se retrouver sous les projecteurs. Pour l’autre, ce sera le désert, avec pour seule compagnie ces voix qui résonnent dans nos têtes... »
Un ancien Président en disgrâce qui espère sauver la face, un animateur télé people qui veut se faire un nom. Voici l’histoire de la rencontre historique qui a captivé toute une nation et a changé deux hommes à jamais. En recréant non seulement les interviews diffusées à la télévision, mais aussi les semaines qui les ont précédées, les manoeuvres et les négociations entre les deux hommes et leurs camps respectifs, le film explore les coulisses du face-à-face qui s’est joué sous les yeux de la nation américaine.
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Des interviews à la pièce de théâtre
Intéressé depuis longtemps par l’aspect humain de personnalités mondialement célèbres telles que la reine Elizabeth II, Idi Amin Dada ou Henry VIII, Peter Morgan a souhaité faire des recherches à la fois sur Nixon, l’ancien Président, et sur l’un de ses plus grands - et plus inattendus - adversaires : David Frost, le play-boy du petit écran britannique dont toute la crédibilité et la carrière reposaient sur cette unique chance d’arracher une confession à Nixon.
Peter Morgan a été intrigué par les contrastes entre les deux hommes, et s’est vite convaincu que leur histoire se prêtait parfaitement à une pièce de théâtre. Il explique : J’avais le sentiment que je pourrais montrer les interviews comme un combat de gladiateurs dont les seules armes seraient les mots et les idées.
Au cours de mes recherches, j’ai vite vu se dessiner deux camps qui se préparaient comme le font deux adversaires avant une rencontre d’échecs ou un match de boxe : en élaborant une stratégie. Je me suis dit qu’il était possible d’écrire les scènes d’interviews en utilisant les vrais mots, mais en les agençant de telle sorte qu’elles construisent un cheminement, avec les hauts et les bas d’un affrontement d’une exceptionnelle intensité. En étudiant leur comportement en société et leurs relations aux autres, Peter Morgan a découvert un élément précieux pour lui en tant que dramaturge : chacun des deux hommes était fondamentalement l’opposé de l’autre. Quand on distingue Nixon l’être humain de Nixon le politicien, on ne peut s’empêcher d’être ému par un homme qui trouvait la vie si dure au plan de la communication et de l’amitié. En face, il y avait Frost, qui trouvait la vie facile, au moins sur le plan social, qui avait un talent naturel pour communiquer avec les autres, se faire des amis, se faire accepter et aimer. Nixon était tout sauf cela : il se méfiait de tout le monde, c’était un homme blessé, qui n’avait sans doute pas beaucoup d’amis proches et n’était pas heureux dans son couple. C’était finalement un homme très seul. Peter Morgan a eu de longues conversations avec beaucoup de ceux qui avaient gravité autour des interviews originales, dont David Frost lui-même et plusieurs autres personnes que l’on retrouvait dans sa pièce. Dans un entretien accordé à Gareth McLean pour le Guardian en août 2006, il précisait : Tous ceux à qui j’ai parlé m’ont donné leur propre version de l’histoire. Même celles des gens qui étaient présents dans la salle pendant les interviews différaient. Il n’y a pas une vérité unique sur ce qui s’est passé hors caméra ou en coulisses pendant la période que couvre cette histoire. Je me suis donc senti tout à fait à l’aise pour faire appel à mon imagination.
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Le rôle de la télévision
Un des thèmes récurrents de la pièce développée par Peter Morgan est l’influence grandissante de la télévision et sa responsabilité dans la formation de l’opinion publique. La question reste aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était après le Watergate, lorsque les interviews Frost-Nixon furent enregistrées.
En examinant les deux camps qui entouraient Frost et Nixon avant les fameuses interviews, le dramaturge a poussé plus loin ses recherches en s’intéressant à la manière dont le petit écran, nouveau média à l’époque, a façonné les personnalités publiques des deux hommes. Ce qu’il a découvert était très enrichissant : les deux hommes ont cherché à manipuler la télévision qui, en retour, leur a dicté sa loi.
Si la télévision a été à plusieurs reprises une ennemie pour Nixon au cours de sa carrière, elle fut aussi une alliée précieuse dans son accession au pouvoir. En septembre 1952, il l’utilise avec une maîtrise remarquable lors de son Checkers Speech, un discours destiné à émouvoir l’opinion publique au moment où il est accusé d’avoir été financé par une caisse noire - ce scandale menace sa candidature à la vice-présidence de Dwight Eisenhower. Il y apparaît comme un homme austère qui a son franc-parler, un solide produit de son éducation quaker. À la demande d’Eisenhower, en mars 1954, celui qui est devenu vice-président utilise brillamment la télévision au cours de son discours contre Joseph McCarthy qui, s’en étant pris à l’armée tout entière dans sa croisade anti-communiste, met en péril les fondements mêmes de la société politique américaine. Nixon contribue alors à montrer à 20 millions de téléspectateurs combien peut être odieux cet homme que certains considéraient jusque-là comme au-dessus de tout soupçon.
Pourtant, la télévision ne restera pas toujours l’alliée de Nixon. Les débats présidentiels télévisés de 1960 entre lui et Kennedy marquent le début d’une nouvelle ère : désormais, des experts décortiquent et analysent fiévreusement le message que tentent de faire passer les hommes politiques. À l’image, Nixon transpire abondamment, son maquillage coule, il semble battu à plates coutures par le fringant JFK qui lui, reste calme et concentré. Les candidats ne sont plus seulement jugés sur leur expérience et leurs capacités pour le poste, mais sur leur télégénie...
David Frost entame sa carrière à la télévision comme comédien. À la fin des années 60, il anime The Frost Programme sur la chaîne britannique Itv. L’émission est un précurseur de ces shows d’interrogatoires télévisés qui deviendront par la suite un genre à part entière, dans le cadre de programmes d’actualités ou de téléréalité. C’est aussi un changement majeur pour l’ancien comédien : pour la première fois, on le prend au sérieux en tant qu’interviewer.
Pourtant, assez vite, l’attrait de la gloire l’amène en Amérique et au monde du divertissement. De 1969 à 1972, il anime The David Frost Show, un talk-show dont les invités sont des célébrités allant de Richard Burton aux Rolling Stones. Puis l’émission est supprimée, et Frost ne réussit pas à trouver une autre chaîne américaine prête à l’engager. Il anime quelque temps un talk-show en Australie, invitant là encore des stars populaires, mais très vite, il aspire à revenir sur les ondes aux États-Unis et à être considéré comme un interviewer sérieux. Lorsque lui vient l’idée d’interviewer Richard Nixon, il a du mal à convaincre qu’il est l’homme de la situation. Ironiquement, c’est justement sa réputation de journaliste léger qui conduira Nixon à accepter de se prêter à la série d’interviews. Selon l’écrivain James Reston, la série d’interviews Frost/Nixon reste l’émission sur les affaires publiques la plus regardée de toute l’histoire de la télévision. Elle attira en effet plus de 45 millions de téléspectateurs, et marqua la dernière apparition majeure de Richard Nixon à la télévision avant sa mort, en avril 1994.
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Porter la pièce à l’écran
La pièce de Peter Morgan, Frost / Nixon, a été jouée pour la première fois au théâtre Donmar Warehouse à Londres le 10 août 2006, dans une mise en scène de Michael Grandage. Les deux rôles principaux de la pièce étaient tenus par Frank Langella et Michael Sheen. Les deux hommes ont créé leurs rôles pour les débuts de la pièce dans le West End londonien, puis les ont repris à Broadway.
Les deux acteurs sont devenus intimes de leurs personnages, connaissant sur le bout des doigts les poses et les particularités des hommes qu’ils incarnaient. L’aval du véritable David Frost était de la plus haute importance pour le projet, il désirait vraiment que la pièce ne soit pas une copie conforme des événements réels, mais un récit raconté avec impartialité. Il se souvient : La première fois que j’ai vu Michael Sheen m’interpréter sur scène, j’ai éprouvé une impression bizarre pendant une vingtaine de minutes. C’est un sentiment étrange de voir quelqu’un vous jouer ! Puis j’ai commencé à me laisser happer par l’histoire et à regarder ce personnage non plus comme moi, mais comme le protagoniste d’une passionnante confrontation. Je m’intéressais dès lors au contenu, et je voulais être sûr qu’il avait été retranscrit fidèlement.
Le voyage pour adapter la pièce au cinéma a débuté lorsque deux américains se sont rendus dans le West End pour voir Frost / Nixon au théâtre. Peter Morgan raconte : Tout a commencé lors de la deuxième représentation à Londres, quand un réalisateur et un producteur ont vu la pièce et m’ont appelé juste après. À partir de là, l’intérêt pour la pièce n’a cessé de croître, tout le monde semblait certain qu’elle allait devenir un film.
Pour ma part, je pensais qu’on n’arriverait jamais à en faire un scénario. Des scripts, j’en avais écrit moi-même, et j’avais fait de mon mieux pour écrire cette pièce de telle manière qu’on ne puisse pas en faire un scénario. J’avais conçu des choses si adaptées au théâtre que cela condamnait la pièce à une vie sur scène. C’est du moins ce que je pensais...
Les deux cinéastes qui ont proposé à Peter Morgan d’adapter sa pièce étaient Ron Howard et Brian Grazer associés à Tim Bevan et Eric Fellner. Ron Howard raconte : Nous étions tous les quatre impressionnés par cette histoire qui reposait totalement sur l’intensité du conflit entre deux hommes.
C’était un duel entre deux esprits, un combat dont seul l’un des deux pouvait sortir vainqueur.
Tandis que se déroulaient les discussions entre le dramaturge et les cinéastes, la pièce, après avoir été plébiscitée à Londres, se transportait à Broadway, au Bernard B. Jacobs Theatre, où le public américain la découvrit à partir d’avril 2007. Là encore, elle connut un succès immédiat, les représentations faisaient salle comble. Michael Grandage fut nommé au Tony Award et au Drama Desk Award pour la mise en scène. Frost / Nixon fut citée au Tony et au Drama Desk de la meilleure pièce. Frank Langella remporta le Tony et le Drama Desk du meilleur comédien. Michael Sheen fut lui aussi salué pour sa prestation : il fut entre autres nommé au Distinguished Performance Award par la Drama League.
Tandis que sa pièce connaissait un grand succès au théâtre, Peter Morgan commença à revisiter le monde de Frost et de Nixon pour le scénario qu’Imagine et Working Title lui avaient commandé. Peter Morgan raconte : «Pour la pièce, je m’étais rendu à Washington et j’avais rencontré Jim Reston et Bob Zelnick. J’avais aussi vu Kissinger. Tout cela était très côte Est ! Pour le scénario, il a fallu que je voyage davantage. Je n’étais jamais allé sur les lieux de la côte Ouest où s’était déroulée la véritable histoire. Orange County, la Californie.... Je n’étais jamais allé au Nixon Museum, ni à la Nixon Library ou à la Nixon Foundation. Je n’avais pas vu cet hélicoptère, je n’avais pas rencontré les gens qui avaient travaillé pour le chef de l’Etat. Je n’étais pas allé à Orange County, haut lieu républicain, ni à San Clemente.
Tout cela était très excitant, et j’ai tout fait en compagnie de Ron Howard, qui s’est énormément impliqué dans le projet à partir du moment où il a décidé de faire le film.
Ron Howard commente : Ce que Peter Morgan nous a donné, d’abord dans sa pièce puis à travers son scénario, est remarquablement dense et d’une grande profondeur. C’est drôle, c’est intelligent, mais surtout, c’est intense et riche de suspense.
Les représentations de Frost / Nixon à Broadway sont arrivées à leur terme le 19 août 2007, quatre mois environ après la première new-yorkaise. Cinq jours plus tard, le tournage du film commençait...
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Fiche technique
Réalisateur : Ron Howard
Scénariste : Peter Morgan
D’après sa pièce : «Frost/Nixon»
Directeur de la photographie : Salvatore Totino
Chefs monteurs : Mike Hill, Ace et Dan Hanley, Ace
Chef décorateur : Michael Corenblith
Chef costumier : Daniel Orlandi
Compositeur : Hans Zimmer
Réalisateur 2e équipe : Todd Hallowell
Distribution des rôles : Jane Jenkins, Csa et Janet Hirshenson, Csa
Producteurs : Tim Bevan, Eric Fellner, Brian Grazer et Ron Howard
Producteurs exécutifs : Peter Morgan, Matthew Byam Shaw, Debra Hayward, Liza Chasin, Karen Kehela Sherwood, David Bernardi et Todd Hallowell
Distributeur : Studio Canal
Attachés de presse : Jean-Pierre Vincent et Sophie Saleyron
Textes : Pascale et Gilles Legardinier
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com
remerciements à Rania Tadjine
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