* Le vilain de Albert Dupontel (Studio Canal)

Publié le par 67-ciné.gi-2009











 Le vilain comédie de Albert Dupontel


















avec :
Catherine Frot, Albert Dupontel, Bouli Lanners, Nicolas Marié, Christine Murillo, Bernard Farcy, Philippe Duquesne, Xavier Robic, Husky Kihal, Jacqueline Hervé, Jenny Bellay, René Morard, André Chaumeau, Jeanne Cellard, Philippe Uchan, Brigitte Aubry et José Fumanal

durée : 1h26
sortie le 25 novembre 2009

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Synopsis
Un braqueur de banque, le Vilain, revient après 20 ans d’absence se cacher chez sa mère, Maniette. Elle est naïve et bigote, c’est la planque parfaite.
Mais celle-ci découvre à cette occasion la vraie nature de son fils et décide de le remettre dans le «droit chemin».
S’ensuit un duel aussi burlesque qu’impitoyable entre mère et fils.


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Entretien avec Albert Dupontel
- : « Comment est née l’idée du Vilain ? »

Albert Dupontel : « Au départ l’idée était de tenir un propos grave et sérieux sur la rédemption mais bon, il a dû se passer quelque chose… »

- : « Comme dans vos précédents films, la fable n’est jamais loin ? »

Albert Dupontel : « Les mobiles des personnages sont fondés mais la façon dont ils les expriment est un peu excessive, j’en conviens… C’est une fable férocement incarnée… »

- : « Expliquez-nous le choix de Catherine Frot ! »

Albert Dupontel : « J’ai beaucoup apprécié sa collaboration sur le film Odette Toulemonde de Eric-Emmanuel Schmitt et ai découvert à cette occasion une folie douce que je ne soupçonnais pas… Dans la vie et dans le cinéma c’est une personnalité à part, ce qui collait parfaitement au personnage de Maniette. »

- : « Pourquoi n’avez-vous pas pris une comédienne de l’âge du rôle ? »

Albert Dupontel : « J’ai pensé très tôt à Catherine. Une comédienne de l’âge du rôle aurait apporté plus de réalisme et moins de burlesque. J’avais vraiment besoin du clown de Catherine pour faire tenir cette fable. »

- : « L’aviez-vous en tête dès l’écriture ? »

Albert Dupontel : « Étonnamment c’est la première comédienne à laquelle j’ai pensé pour incarner Maniette. Mais c’est vrai que je l’imaginais en vieille dame et je n’étais pas sûr, mais alors pas du tout, que cela lui plaise… Dans la scène avec l’agent immobilier, interprété par Bouli Lanners, c’est en l’entendant dans le rôle que j’ai avancé dans le dialogue. Il faut dire que j’ai un côté Jeanne d’Arc… (Rires). »


- : « Comment avez-vous préparé le personnage ? »

Albert Dupontel : « Je l’ai laissée travailler dans son coin et surtout, je lui ai laissé du temps… Qu’elle fasse son chemin, qu’elle trouve le clown de cette vieille dame. C’est une grande actrice, il faut la laisser faire et regarder… Je n’ai pas été déçu !! Investie, rigoureuse, minutieuse, très précise et pour finir s’amusant beaucoup - ce que j’espérais… Dans une composition libre et personnelle… Bref, elle a dépassé mes espérances, je me suis régalé. »

- : « Et les autres comédiens ? »

Albert Dupontel : « Bouli Lanners, j’aime énormément le personnage, très talentueux, sincère, décalé, d’une humanité rare et son Eldorado m’a bouleversé… J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir car il tourne peu… Nicolas Marié, c’est un besoin pour moi de l’avoir dans tous mes films - il y est depuis Désiré, mon court métrage, en 92…! - d’une disponibilité, d’un enthousiasme et d’une énergie rares, je ne lui connais pas de limites et d’ailleurs, ça commence à se savoir… Philippe Duquesne est une nature riche à l’extrême, un clown naturel, étonnamment rigoureux dans ses élucubrations. Bernard Farcy est un acteur au gros potentiel, associé à une mélancolie naturelle qu’il cache soigneusement dans ses autres films. Cela m’a beaucoup servi dans ce petit rôle qu’il a gentiment accepté de jouer. Christine Murillo est inventive, riche et généreuse, en un mot, épatante. Son arrivée surréaliste dans la chambre du Vilain est une de mes scènes préférées. »

- : « Un mot sur Pénélope ? »

Albert Dupontel : « C’est le premier personnage secondaire du film auquel j’ai pensé ! Je cherchais un animal domestique qui aurait survécu à la jeunesse du Vilain et qui soit, lui aussi, ivre de vengeance… Je tiens à dire qu’elle a tout fait elle-même alors qu’on avait prévu moult manip entre 3d et maquette animée… »

- : « Après quatre films, arrivez-vous toujours à gérer le passage devant et derrière la caméra ? »

Albert Dupontel : « Mes idoles ont toujours été les grands autarciques, Chaplin bien sûr, mais aussi Woody Allen, Welles, Tati, Guitry, Keaton etc. et dans mon infinie mégalomanie, je n’ai de cesse de vouloir faire comme eux. Mais je peux bien vous l’avouer, je triche ! Je travaille, je répète et je me fais assister par mon fidèle collaborateur, l’excellent Philippe Uchan, qui me dirige minutieusement. De plus, le fait de mouiller ma chemise en tant que comédien me permet de rapprocher des autres acteurs et d’en obtenir beaucoup… »

- : « De plus, à un moment du film, vous vous grimez ? »

Albert Dupontel : « Ça, c’est dans la logique tordue du Vilain et dans celle, identique, du film. Porter un masque m’est plus facile que de jouer à découvert. Je le referai. »

- : « Comment s’est passée l’écriture du scénario ? »

Albert Dupontel : « Comme d’habitude, un gros laisser-aller mental, mis en condition par un enfermement chez moi, entre dvd, bouquins et musique, avec une ou deux sorties hebdomadaires pour aller saouler quelques interlocuteurs, dont la productrice du film, Catherine Bozorgan, qui en a frôlé la dépression nerveuse à plusieurs reprises. (Rires) Et puis quelques mois plus tard, il y a un script à lire, mais pas forcément à tourner… »

- : « Dans presque tous vos films, le rapport enfants / parents est central. Pouvez-vous nous en dire un mot ? »

Albert Dupontel : « On n’est pas les enfants que nos parents croient et nos parents ne sont pas ceux que l’on imagine… C’est de ce quiproquo que naît cet amour que l’on appelle filial. »

- : « Pourquoi placez-vous souvent vos films dans un univers spatio-temporel non défini ? Dans Le vilain il n’est pas fait mention du pays dans lequel l’histoire se déroule - même si on n’est pas dupe -, ni de l’époque ? »

Albert Dupontel : « Je trouve que c’est donner une chance au film pour qu’il décolle, s’éloigne de cette réalité parfois si gluante et commune… »

- : « Avez-vous des influences visuelles ? »

Albert Dupontel : « Même si je m’en défends, je peux avouer que j’ai surtout pris plaisir au cinéma des grands indépendants anglo-saxons : Terry Gilliam, les frères Coen à leur meilleure époque, les Pythons, Paul-Thomas Anderson, Mackendrick dans ses comédies et bien d’autres encore. Je tiens à préciser que ce sont des références et, en aucun cas, je ne me compare à ces gens… »


- : « Si on devait situer le film en terme de cinéma ? »

Albert Dupontel : « Cela pourrait être la rencontre entre Tex Avery et Franck Capra. Mais bon, c’est vraiment pour répondre à votre question… »

- : « Ce film est, semble-t-il, moins trash que les précédents, en tout cas que Bernie »

Albert Dupontel : « Il est moins trash certes, mais surtout plus nuancé. Bernie exprimait une colère très sincère contre le monde environnant. Pareillement, Le Vilain exprime une vraie tendresse pour les gens. De la même façon que pour Bernie je n’ai aucune envie de trahir mon humeur présente… Et on verra pour la suite. »

- : « Depuis Bernie, vous semblez développer à la fois un propos et un univers visuel. Est-ce compatible ? »

Albert Dupontel : « Non, vous avez raison, je ne le ferai plus. (Rires) »

- : « Mais encore ? »

Albert Dupontel : « À l’inverse de la fabrication d’une comédie traditionnelle, je parle de choses qui me touchent, qui ne sont pas forcément drôles d’ailleurs, que je pervertis par la suite, par le scénario, les dialogues, le casting et la caméra. Je trouve que c’est le plus sobre de mes films mais la caméra reste un outil fascinant… Et de surcroît, dans ce film, je la voulais beaucoup au service de la comédie et de Catherine en particulier. »

- : « Tous vos personnages, même les pires, dégagent beaucoup d’humanité. Pourquoi ? »

Albert Dupontel : « Parce que je les aime tous. Je leur trouve à tous des excuses. Et je me dois de tous les sauver. »

- : « Il y a une vraie parenté entre les personnages Bernie, Roland, Darius et le Vilain. »

Albert Dupontel : « Aucun rapport en particulier et tous en général, je ne suis que moi, mais avec le temps, je trouve cela de moins en moins insupportable. »

- : « Un mot sur votre équipe technique ? »

Albert Dupontel : « La plupart était sur Enfermés dehors et j’étais ravi de les retrouver. Pas sûr que l’inverse soit vrai, il faudrait leur demander, enfin aux survivants… »

- : « Les décors du film ? »

Albert Dupontel : « La maison était le décor principal où devait avoir lieu l’affrontement. On a beaucoup travaillé aux volumes, aux accessoires pour que ce monde désuet, aux couleurs surannées, envahisse l’arrière-plan de Maniette. »

- : « La plupart des musiques sont originales. Qui était votre compositeur ? »

Albert Dupontel : « Un jeune auteur, Christophe Julien, qui a répondu à toutes mes demandes. On voulait des thèmes genre Harry Potter ou autres ersatz du cinéma qui conditionne nos petits à longueur d’année, mais en rendant tout ceci un peu déviant, un peu malin... Un peu vilain quoi ! »

- : « Les effets spéciaux ? »

Albert Dupontel : « Ils sont conçus par Mikros, comme depuis deux films. C’est un travail très efficace et précis, porté par une équipe très inventive. Leur plus gros travail a été la scène des chats. À l’arrivée, il est impossible de dire où ils sont intervenus, ce qui fait que, dans le doute, la productrice n’a pas voulu les payer… Cela leur apprendra à être compétents. »

- : « Avez-vous rencontré des difficultés ? »

Albert Dupontel : « Bah aucune à vrai dire et cela m’a inquiété pendant tout le film. C’est angoissant quand tout se passe bien car ce n’est pas normal. »

- : « Une idée du prochain film ? »

Albert Dupontel : « Je suis dessus depuis quelques mois, ce sera une histoire d’amour très improbable. Mais ne le sont-elles pas toutes ? »


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Fiche technique
Réalisateur : Albert Dupontel
1er assistant réalisateur : Michaël Viger
Scripte : Chantal Pernecker
Directrice de casting : Jeanne Millet
Régisseur général : Albert Blasius
Régisseur adjoint : Amélie Supau
Chef opérateur : Pierre-Yves Bastard
Cadreur : Stéphane Martin
1ère assistante opérateur : Lise Drevillon
Photographes : Catherine Cabrol et Patrick Robert
Making-of : Julien Boeuf
Chef opérateur du son : Jean Minondo
Créateur de costumes : Pierre-Yves Gayraud
Chef costumière : Karine Charpentier
Création et maquillage Catherine Frot : Chantal Léothier
Chef maquilleuse : Françoise Quilichini
Chef maquilleur effets spéciaux : Jean-Christophe Spadaccini
Création coiffure Catherine Frot : Joëlle Dominique M.T.L. Perruque
Chef coiffeuse : Frédérique Arguello
Chef décorateur : Bertrand Seitz
Coordinateur cascades : Christian Hening
Chef machiniste : François Comparot
Chef monteur : Christophe Pinel
Adjoint monteur : Carlos Pinto
Chefs monteurs son : Germain Boulay et Serge Rouquairol
Mixage : Cyril Holtz et Damien Lazzerini
Musique originale : Christophe Julien
Productrice : Catherine Bozorgan
Directeur de production : Yvon Crenn
Administrateur de production : Fabrice Touze

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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