* La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy de Jean-Jacques Zilbermann (Bac Films)

Publié le par 67-ciné.gi-2009











  La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy comédie de Jean-Jacques Zilbermann











avec :
Antoine de Caunes, Mehdi Dehbi, Elsa Zylberstein, Judith Magre, Catherine Hiegel, Micha Lescot, Max Boublil, Jean Lescot, Nada Strancar, Taylor Gasman et Matthew Gonder

durée : 1h30
sortie le 2 décembre 2009

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Synopsis
Dix ans après L’homme est une femme comme les autres, Simon Eskenazy est devenu un grand interprète de musique traditionnelle juive.
Il voit successivement débarquer sa mère envahissante, son ex-femme, son fils de 10 ans qu’il n’a jamais vu et Naïm, un jeune travesti musulman qui va changer sa vie…


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Entretien avec Jean-Jacques Zilbermann
- : « Quel a été le déclic qui vous a donné envie, dix ans après, de faire la suite de L’homme est une femme comme les autres et de retrouver le personnage de Simon Eskenazy ? Est-ce la manière dont vous avez vécu, vous, ces dix années qui viennent de passer ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Exactement ! J’attendais une situation forte dans ma vie pour reprendre le personnage de Simon Eskenazy, et la situation est arrivée. C’est ce qui m’a inspiré. C’était l’été de la canicule, il n’y avait plus de place dans les hôpitaux, ma mère, qui ne pouvait plus marcher, est venue s’installer chez moi… C’est le mouvement de la vie qui a guidé complètement l’idée du film. »

- : « Dans La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy, vous voulez pousser le curseur plus loin que dans le premier opus, en brouillant les cartes au maximum, en ébranlant toutes les certitudes, en vous amusant de la confusion des genres, des sexes, des races, des religions, des cultures… »

Jean-Jacques Zilbermann : « Le film raconte l’histoire d’un musicien juif qui tombe amoureux d’un travesti musulman. Alors qu’il joue de la musique traditionnelle, Simon Eskenazy a perdu le sens du sacré. Ce jeune homme va le ramener à sa propre vérité. C’est donc finalement l’histoire d’un musulman qui sauve l’âme d’un juif. Et si un musulman peut sauver l’âme d’un juif alors tout est possible sur cette terre ! C’est ce que j’aime croire. »

- : « Qu’est-ce qui était le plus difficile dans l’écriture ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Dans la réalité, ma mère était vraiment installée chez moi, au milieu du salon, dans un lit médicalisé. Elle est décédée pratiquement à la fin de l’écriture du scénario. Le cinéma rend possible la résilience, c’est chez moi un sentiment très fort. Il offre la possibilité de transformer nos malheurs en bonheurs, c’est ce que j’essaie toujours de faire… »


- : « On a peu l’habitude dans le cinéma français de trouver ce type d’humour. Comment le définiriez vous ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Comme une comédie saupoudrée de mélancolie. »

- : « En quoi diriez-vous que Simon a le plus changé en dix ans ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Pour le type de comédie. Il a gagné en légèreté. D’ailleurs, pour moi, l’évolution en dix ans, ça se joue là-dessus, sur la légèreté. Surtout dans le ton du film : essayer de trouver la légèreté… Simon, c’est un mélange d’Antoine et de moi. Antoine est un des acteurs français qui ont le plus de charme, et il donne évidemment ce charme à Simon, ce qui, pour le type de comédie que je veux faire, est très important. Paradoxalement, je dirais que la partie féminine de Simon, c’est Antoine, et que la partie masculine, c’est moi ! On se complète assez bien dans la vision qu’on a du personnage. Il y a des aspects de Simon qui me ressemblent et d’autres qui ressemblent vraiment à Antoine. Simon est un personnage qui dit non au départ et qui finit toujours par dire oui. Il ne veut pas que sa mère vienne à la maison, elle vient à la maison. Il ne veut pas vivre avec ce travesti, finalement il vit avec ce travesti, il ne veut pas revoir son ex-femme, finalement il la revoit, il ne veut pas connaître cet enfant qu’il a eu avec elle et finalement il lui transmet ce qu’il doit lui transmettre. »

- : « Quelle a été la réaction d’Antoine de Caunes lorsque vous lui avez donné le scénario à lire ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « C’est drôle parce que je lui avais parlé du film avant de l’écrire – et il m’avait tout de suite dit qu’il était partant - mais il ne connaissait pas pour autant tous les détails de l’intrigue et lorsqu’il l’a lu, il m’a dit : C’est incroyable, j’ai l’impression d’être chez moi !. Dix ans après l’aventure de L’homme est une femme comme les autres, on s’est retrouvés tous les trois, Antoine, Simon et moi, comme si on ne s’était pas quittés. »


- : « Et Antoine de Caunes, en quoi diriez-vous qu’il a changé en dix ans ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Déjà, il a vécu un peu les mêmes choses que moi. Il a perdu ses parents, en plus de manière très rapprochée. Lorsqu’on les vit à 50 ans, ce sont des expériences qui marquent énormément. C’est un événement qui l’a rendu plus philosophe par rapport à la vie. Il est plus dans l’intériorité, il a gagné en profondeur. Avant il faisait tellement de choses qu’il lui était sans doute parfois difficile de se rassembler, maintenant il a le temps de se retrouver. En plus, il est devenu réalisateur. Entre L’homme est une femme comme les autres et La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy, il a réalisé quatre films… ça l’a mûri. Sur le plateau, il était à nouveau le comédien idéal. »

- : « Comment avez-vous retrouvé la plupart des personnages, et donc les acteurs de L’homme est une femme comme les autres ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Judith était ravie de jouer à nouveau Bella. La première question qu’elle m’a posée, c’est : Est-ce qu’elle meurt ? J’ai dit Oui. Eh bien tant mieux ! Pour elle, dans son esprit de tragédienne, un personnage ne prend toute sa grandeur que s’il va au bout de son destin, que s’il meurt… Quant à Elsa, j’ai été très touché qu’elle accepte cette participation, car ce qui était très troublant pour elle, c’est que la réalité avait rattrapé la fiction. Antoine et Elsa s’étaient rencontrés sur L’homme est une femme comme les autres, ils ont vécu 7 ans ensemble, ils se sont séparés depuis, comme si leur propre histoire avait rejoint celle du film. Dans les nouveaux venus, il y a Raphaël, le prof de philo, amant transi de Simon, qu’interprète Micha Lescot. Micha est l’un de mes plus grands coups de foudre au théâtre ces dernières années. Et d’ailleurs, j’ai écrit le rôle pour lui. Et c’est lui qui m’a donné la clé du personnage. Il l’a davantage tiré vers la comédie que ce que nous avions écrit. Et je me suis dit que c’était plus drôle en effet, et bien mieux, que Simon soit amoureux d’un nigaud qui est prof de philo avec lequel il écoute Jankelevitch ! Raphaël passe son temps à essayer de comprendre son homosexualité et quand il prend finalement la décision de quitter sa femme pour aller vers lui, Simon part avec une femme qui en fait est un homme ! »

- : « Et bien sûr, il y a ce personnage de Naïm, ce travesti d’origine nord-africaine, qui est à la fois le coeur et le pivot du film et qui est interprété par Mehdi Dehbi, lequel est assurément LA révélation du film… »

Jean-Jacques Zilbermann : « Pour trouver l’acteur qui allait jouer Naïm, je crois que j’ai fait le casting le plus fou de ma vie ! J’ai dû voir 350 jeunes maghrébins. Je ne voulais pas que le film fonctionne comme les comédies travesties que j’adore par ailleurs - Tootsie ou Certains l’aiment chaud. Je ne voulais pas qu’on rie du personnage parce que c’est un homme déguisé en femme, avec de gros mollets, un peu de poils etc. Je voulais que l’on soit troublé, et en même temps, ce n’était pas si simple, parce qu’il ne fallait pas que ça aille trop à l’encontre de l’idée même de comédie. En tout cas, je voulais que les gens l’adoptent, soient dans l’empathie totale avec lui. Il était en troisième année au Conservatoire, il avait déjà fait un an de conservatoire à Londres, après deux ans de conservatoire de chant à Bruxelles ! C’est un comédien incroyable. Quand on a commencé les essais avec lui, c’était clair qu’il était le plus convaincant. C’était troublant parce que, en homme, il est très beau et, en femme, il est très belle, et c’est ce trouble-là que je voulais… Avec Mehdi, avant même qu’il soit définitivement choisi, on a travaillé pendant plusieurs mois. Il s’est beaucoup investi – et travesti ! On cherchait les personnages de femme ensemble, on se demandait comment était Habiba, comment était Rosa. C’est même lui qui, en prenant des lunettes noires et en se mettant à parler anglais, a imaginé le personnage d’Angela. J’ai trouvé très drôle qu’un arabe se transforme en juive new-yorkaise ! On prenait les scènes une par une et on les analysait, on faisait un vrai travail comme au théâtre, sur le sens des mots et le sens de la scène, sur la légèreté de la scène et sur sa gravité et sur l’équilibre entre les deux… »

- : « Quel est selon vous son meilleur atout ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Il y a dans son jeu quelque chose de très musical. D’ailleurs c’est lui qui m’a proposé Smile, l’adaptation de la musique des Temps modernes par Michael Jackson. Et là, je me suis dit : Naïm chante Smile. Pour lui, c’est évidemment Michael Jackson, mais pour Simon, c’est Chaplin. C’était la rencontre de deux générations. Il a de la technique, du savoir-faire, et un vrai sens de la composition. Je l’ai vu, après le tournage, au Théâtre de La Tempête, jouer le rôle d’un Palestinien dans Gaza, ce n’était pas la même personne. Il avait une violence, une intériorité, une masculinité incroyables. »

- : « Si vous deviez ne garder qu’une image, qu’un moment de toute cette aventure ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Probablement, le moment le plus fort, c’est la mort de la mère. Quand j’ai dit Moteur, elle était morte, quand j’ai dit Coupez, elle s’est relevée… »

- : « De retrouver Simon vous a-t-il donné envie de poursuivre le film de ses aventures et de le retrouver un jour pour la troisième fois ? »

Jean-Jacques Zilbermann : « Oui, c’est sûr. Rendez-vous dans dix ans ! »


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Fiche technique
Réalisateur : Jean-Jacques Zilbermann
Scénario & dialogues : Jean-Jacques Zilbermann et Antoine Lacomblez
Musiques : Eric Slabiak et Giora Feidman
Image : Georges Diane
Son : François Waledisch, Patrice Grisolet et Dominique Dalmasso
Décors : Ivan Maussion
Costumes : Jean-Marc Mirete
Montage : Dominique Gallieni
Producteurs : Dominique Barneaud et Nicolas Blanc / Agat Films & Cie
Une coproduction : Agat Films & CIE, Arte France Cinéma et Bac Films
Producteur associé : Adva Films, Régine Konckier
Avec la participation de : Canal+ , Cinécinéma et Centre National de la Cinématographie
En association avec : la Banque Postale Image 2
Ventes internationales : Bac Films International

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

 remerciements à Stella Crespel
logos & textes © www.bacfilms.com
photos © Jérôme Prébois

Publié dans PRÉSENTATIONS

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