* Une affaire d’état de Eric Valette (Mars Distribution)

Une affaire d’état thriller de Eric Valette





avec :
André Dussollier, Thierry Frémont, Rachida Brakni, Christine Boisson, Gérald Laroche, Serge Hazanavicius, Eric Savin, Jean-Marie Winling, Jean-Michel Martial, Laurent Bateau, Olivier Schneider, Élodie Navarre et Denis Podalydès
durée : 1h39
sortie le 25 novembre 2009
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Synopsis
Un avion chargé d’armes explose au dessus du Golfe de Guinée.
Une escort girl est assassinée dans un parking parisien.
Plusieurs milliers de kilomètres séparent ces deux événements et pourtant…
Nora Chahyd, inspectrice aux méthodes musclées, enquête sur le meurtre et bouscule sa hiérarchie.
Victor Bornand, Monsieur Afrique officieux du gouvernement, tente d’étouffer la crise politique déclenchée par l’explosion. Quitte à avoir recours à son bras armé Michel Fernandez, un ancien des services de renseignements.
Nora s’approche dangereusement des sphères du pouvoir.
Les meurtres et trahisons s’accumulent. Au nom de la raison d’état ?

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Interview du réalisateur
- : « À l’origine d’Une affaire d’état , il y a Nos fantastiques années fric, le roman de Dominique Manotti… »
Eric Valette : « En 2003, Eric Névé, qui avait fait l’acquisition des droits de ce roman, était en contact avec Alexandre Charlot et Franck Magnier, les scénaristes de Maléfique, mon premier film, pour l’adapter. Il cherchait un réalisateur, Alexandre et Franck lui ont soumis mon nom. J’ai lu le bouquin, qui m’a plu. Puis rencontré Eric, à qui j’ai proposé une approche du projet… »
- : « …Qui, contrairement au livre qui s’attardait sur des ramifications politiques, était d’aller plus franchement vers le polar… »
Eric Valette : « J’ai vu dans Nos fantastiques années fric, une structure à la James Ellroy, notamment en termes de points de vue multiples. J’aimais ce côté L.A. Confidential transposé dans un milieu français. À ça s’est ajouté un penchant naturel pour le cinéma d’action que j’ai développé autour du personnage de Nora, la femmeflic. Dans le roman, elle est plus spectatrice, victime des événements, je voulais qu’elle soit plus active à l’écran. »

- : « Nora est à une extrémité de la chaîne, à l’autre il y a Bornand, un conseiller politique dans l’ombre du gouvernement. Une affaire d’état confronte leurs visions du monde et leurs méthodes, très différentes. »
Eric Valette : « Lui est victime de la manière dont s’échangent désormais les informations ou comment les alliances se créent. Il est rescapé d’une époque où le tempo était différent. Il n’arrive plus à suivre et tout son système s’écroule. En ça je trouve qu’on se rapproche du western, plus encore que du polar : le personnage d’André Dussollier est comme ces vieux cow-boys qui ne trouvent plus leur place dans le monde moderne. Il y a aussi de ça dans le personnage que joue Gérald Laroche, ce flic désabusé qui a décidé de passer en mode fonctionnaire, le tout sous un angle réaliste. Il n’était pas question d’abuser des clichés du film noir à la française genre flic alcoolique qui vit avec sa bouteille de whisky sur la table de nuit. Aller puiser dans la noirceur de chaque acteur était assez passionnant car les personnages ne sont jamais clairement tranchés et ne se déterminent pas en termes manichéens... C’est très excitant quand on travaille avec un trio d’acteurs aussi intense et riche de teintes de gris que Rachida Brakni, André Dussollier et Thierry Frémont... »
- : « L’autre femme du film, une maquerelle manipulatrice, est elle aussi loin des clichés usuels de ce type de personnages. Ne serait-ce qu’en étant interprété, c’est inattendu, par Christine Boisson. »
Eric Valette : « Son personnage est l’un des plus fidèles au livre. On l’a juste un peu modernisé. Dans le roman, elle était très proche d’une Madame Claude. Dans le film, elle dispose d’une façade plus respectable que les bordels de luxe. Elle affiche plus clairement un statut d’entrepreneur. En cherchant l’actrice, j’ai dit à Eric : Il nous faut une icône glamour, parce que j’avais l’impression que ça correspondait à ce personnage, cette idée de pouvoir par la séduction. Le premier nom qui m’est venu à l’esprit est celui de Christine. »

- : « Il y a un lien avec les années 70 : Une affaire d’état est clairement sous influence d’un certain cinéma policier français qui se pratiquait à cette période… »
Eric Valette : « Autant il est facile de trouver dans le cinéma américain actuel des réminiscences du cinéma des 70’s, autant dans la production française cette influence est inexistante ou presque. Alors qu’à cette période, des cinéastes - Yves Boisset en tête - ont su réaliser des modèles de films policiers sur fond politique. Ce genre a disparu de notre cinéma dans les vingt-cinq dernières années. À l’exception peut-être des Patriotes de Rochant. Des films comme Mort d’un pourri, I comme Icare, Le juge Fayard, Le saut de l’ange… m’ont beaucoup marqué. J’ai toujours regretté qu’ils soient perçus comme des plaisirs coupables pour la plupart des cinéastes qui ont été formés dans les écoles de cinéma où on préfère - parfois à juste titre - des thrillers plus exotiques, mais cet héritage français est très respectable. Heureusement, en mûrissant, on peut se déculpabiliser de ce rapport au cinéma français de genre. »
- : « Il y avait, en particulier chez Boisset, une certaine spécificité en faisant souvent allusion à des affaires réelles. Le hasard fait qu’Une affaire d’état sort après qu’une poignée de nouvelles affaires liées à la Françafrique ont surgi. »
Eric Valette : « J’ai l’impression qu’il y aura toujours un timing juste pour des films comme Une affaire d’état. Ce n’est pas avec la mort d’Omar Bongo que la Françafrique va s’arrêter. La réalité est souvent plus hallucinante que le cinéma : que ce soit, récemment, l’affaire des éventuelles commissions ayant mené à l’attentat de Karachi ou celle des frégates où l’on compte plus de morts que dans mon film. Il n’était pas question ici de traiter d’un fait réel parce que je ne voulais pas qu’Une affaire d’état soit catalogué téléfilm de 20h50 à thèse. L’intention était d’être plus divertissant que ça. »
- : « On ne filme pourtant pas de la même manière une scène de poursuite ou des conversations d’alcôves. Comment stylise-t-on un film qui passe de l’un à l’autre ? »
Eric Valette : « Ce n’est pas forcément délibéré ; ça se fait parfois inconsciemment ou parce qu’une structure de scénario l’amène. Au fur et à mesure que le film avance, sa tension monte de plus en plus. Du coup, formellement Une affaire d’état démarre assez sobrement avant d’être de plus en plus stylisé. Ça vient aussi de la progression naturelle du récit et de l’itinéraire des personnages, leur arc émotionnel. Au départ, ils paraissent assez froids, on apprend ensuite à les connaître. Plus on est dans leur intériorité, plus il fallait aller vers un style plus viscéral, plus flamboyant afin de pouvoir vibrer avec eux. Sans pour autant tout surligner au Stabilo. En ce qui concerne les scènes d’action : on a eu très peu de temps pour les faire. J’ai donc surtout pensé à rentabiliser au maximum les moyens, l’espace, les décors à disposition pour que ça ait de la gueule, avec une bonne préparation en amont. »
- : « Un personnage est au carrefour de tous les axes du récit : Fernandez. »
Eric Valette : « Il est une de mes grandes motivations pour faire ce film. On a beau considérer que c’est une ordure, on finit, comme c’est souvent le cas au cinéma, par s’identifier au personnage qui est le plus en danger. Et si en plus, comme Fernandez, il est humilié en permanence, ne cesse d’en prendre plein la gueule, il se dégage forcément de l’empathie pour sa maladresse. Pour l’anecdote, c’est ce rôle qui a fait qu’aucune chaîne hertzienne n’est entrée dans le financement d’Une affaire d’état. Les retours de leurs services cinéma sur le scénario ont été unanimes : c’est très bien, mais quel intérêt d’autant s’attarder sur lui ? Alors que justement, à mes yeux, il est le centre du film, l’empêchant de virer à une opposition simpliste entre la flic incorruptible et le politicien pourri. Les zones de gris que diffuse Fernandez dans le film sont indispensables. »
- : « Il est aussi le rôle qui pose clairement la notion de morale, d’éthique, au coeur d’Une affaire d’état. »
Eric Valette : « La morale est un des thèmes importants du film. J’adore l’idée que ce type se redécouvre au fil des événements une certaine intégrité, qu’il avait perdue de vue. On revient au western, Fernandez est proche d’un chasseur de primes ou d’un pistolero solitaire, toujours sur la corde raide mais qui essaie quand même de se fixer une ligne morale, quitte à être à deux doigts de la transgresser. Bornand a son propre sens de l’honneur et de l’intégrité, dans son indéfectible fidélité au président. Nora, elle apprend à trouver ses repères moraux et à les poser. C’est un récit d’apprentissage pour elle. La morale est un sujet qui me fascine. Surtout dans le monde dans lequel on vit, qui la met à l’épreuve chaque jour. »

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Fiche technique
Réalisation : Eric Valette
Scénario : Alexandre Charlot et Franck Magnier
Musique originale : Noko
Directeur de la photographie : Vincent Mathias
Chef décorateur : Jean-Marc Tran Tan Ba
1er Assistant réalisation : Jean-André Silvestro
Chef costumière : Sophie Breton
Chef maquilleur : Michel Vautier
Chef coiffeuse : Géraldine Lemaire
Chef opérateur du son : Didier Codoul
Directrice de production : Elise Voitey
Régisseuse générale : Sylvie Demaiziere
Photographe de plateau : Thibault Grabherr
A nouchka de Williemcourt
Monteur image : Fabrice Rouaud
Monteur son : Gaël Nicolas
Mixeur : Cyril Holtz
Directrice de post-production : Christina Crassaris
Produit par : Les Chauves-Souris
En coproduction avec : Studio 37
En association avec : les soficas La Banque Postale Image 2, Cofinova 5 et Uni Etoile 6
Avec la participation de : Canal+ et Tps Star
Avec le soutien de : La Région Ile-de-France, La Procirep et l’Angoa-Agicoa
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Carole Bouvier, Jean-Baptiste Schmitt, Julien Pervilhac et Stéphane Célérier
logos, textes & photos © www.marsdistribution.com