* Pluie du diable de Philippe Cosson (Bac Films)

Publié le par 67-ciné.gi-2009











  Pluie du diable documentaire de Philippe Cosson











durée : 1h30
sortie le 18 novembre 2009

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Synopsis
À 500 kilomètres de Ventiane, la capitale du Laos, un enfant vient de mourir en manipulant une bombe à sous-munition. Qui a tué cet enfant ?
L’inconscience meurtrière ou la conscience perverse qui prévaut à l’utilisation de ces armes. Qui sont les responsables ?
Des militaires ? Des patrons de l’armement ? Quels pays ?
Qui d’autres ? Qui doit payer ces dommages de guerre ? Et comment réparer ? Où sont les responsables de cette pollution planétaire ? Car de nombreux pays en Asie, en Amérique du sud, en Afrique sub-saharienne ainsi qu’en Europe, subissent le même cauchemar. Des questions simples en apparences, mais qui dérangent et appellent une réponse. Une réponse qui s’adresse à tous.


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À l’origine…
Philippe Cosson : « J’étais au Laos, je venais d’apprendre que certains gamins récupèrent les mines, les bombes pour les revendre au poids de la ferraille. Il y a des accidents, naturellement. Une manière de dire qu’ils avaient pris des risques, qu’ils avaient joué et perdu. Un garçon était mort. Il avait huit, neuf ans. Insouciant et joyeux, il fouillait, près de chez lui, les herbes rendues folles par des années d’abandon. Et pour cause. Et soudain il trouve quelque chose, on dirait une balle de tennis, sauf qu’elle est en acier. Elle appelle au jeu. Il avance la main … la balle explose. La vie du garçon s’arrête. Une vie parmi tant d’autres. Si je l’avais su, mais je ne l’ai découvert que bien plus tard, j’aurais pu dire que cet enfant était mort à cause des mines laissées là par les armées laotiennes alliées des Américains. Ou par les engins non-explosés des effroyables bombardements des années 62 - 75.
Quel est ce monde que je ne connais pas qui tue tous les jours des innocents ? J’ai décidé d’essayer de répondre à cette question. Pour cela, j’allais devoir enquêter, jouer les détectives et avec un peu de chance et de persévérance trouver la réponse au terme de l’investigation.
On comprend qu’il y ait encore et toujours dans les villages, des enfants pour aller se faire trois sous en revendant les mines ou les bombes qu’ils réussissent à récupérer sans se faire sauter. Des engins qui seront recyclés, probablement, et qui finiront par exploser, plus tard, un jour, ailleurs.
La misère qui découle de cette situation est scandaleuse et criminelle, puisque le but inavoué est d‘empêcher le retour à la vie normale des populations, prolongeant la guerre dans la paix. Dans ces conditions, il est impossible de reconstruire, impossible de cultiver la terre.
Désigner les coupables qui font de certaines parties de notre planète un enfer, à coups de mines antipersonnel ou de bombes à sous munitions. Qui sont-ils ? La réponse n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, on pense aux militaires, aux marchands d’armes. Ils ont leur part, mais d’autres aussi …
Je poursuis mon enquête. Je dois remonter la filière, ce
Chemin du Fer qui va de l’exploitation à la fabrication de ces engins, des différents stades d’élaboration de ces explosifs jusqu’à leur présence dans la nature.
Hypocrisies, lâchetés, mensonges, et leurs corollaires, la souffrance, la mutilation, la mort sont au rendez-vous. Mais aussi le courage et l’engagement de tous ceux qui travaillent à nettoyer la planète de ce fléau.
Steeve Goose, co-Prix Nobel de la Paix en 1997 avec Handicap International, l’a bien dit :
Notre travail n’est pas fini et la route sera encore longue.
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Repères
B. A. S. M. : Bombe A Sous-Munitions
Cluster Bomb : B.L.U. (Bomb Live Unit)
Inventé par les allemands vers la fin de la deuxième guerre mondiale, le concept de sousmunition fut repris par les russes puis par les américains. Plus tard, la quasi-totalité des pays industrialisés fabriquera cette arme jugée particulièrement efficace.
Les bombes à sous-munition sont des explosifs à fragmentation qui ont parfois l’apparence de balles de tennis. Stockées dans un conteneur regroupant jusqu’à plusieurs centaines de mini-bombes, elles sont dispersées sur de larges zones au hasard de leur largage. 32 pays et territoires, comme le Laos, la Bosnie, l’Irak, l’Afghanistan ou le Liban, sont affectés par des sous-munitions non explosées (jusqu’à 40 % n’explosent pas à l’impact). 98 % des victimes recensées sont des civils. Dans les 9 pays les plus pollués, au moins 440 millions de sous-munitions ont été dispersées.
Les conteneurs américains des années soixante-dix totalisaient plus de six cent cinquante sous-munitions. Chaque bombardier de type B52 larguait plus de 14 conteneurs à la fois. C’est à dire que plus de 9000 bomblets ou bombies étaient répandues sur une surface égale à un terrain de foot-ball.
C’est ce qu’on appelle des bombardements de saturation de zone.
Ces bombes ont un caractère non discriminant, elles ne distinguent pas les objectifs militaires des espaces civils. Quel que soit le pays de fabrication de ces armes.
Elles restent actives parce que déjà pré-armées lors de leur épandage dans les airs.
Une sous-munition demeure dangereuse pendant une centaine d’années environ, restant un engin explosif à retardement, imprévisible. Une véritable mine antipersonnel qui ne dit pas son nom.
Plusieurs milliards de sous-munitions sont stockées dans les arsenaux de 70 pays. 17 pays sont suspectés de fabriquer encore ces armes en 2009.
Actuellement, 32 États et territoires sont pollués par les sous-munitions.
Au milieu des années quatre-vingt dix, les Irakiens de la région de Bassora avaient qualifié ces bombardements de : Pluie du diable.


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Les victimes
Près de 500 000 personnes dans le monde ont survécu à un accident par mine, sous-munition ou autre reste explosif de guerre. Elles sont souvent gravement blessées, en majorité amputées et psychologiquement marquées. Les gouvernements sont souvent incapables de leur garantir l’accès aux soins médicaux, psychologiques et de réadaptation ; de les accompagner vers la reprise d’une activité professionnelle ; d’assurer leur pleine participation à la vie sociale, culturelle et politique de la communauté.
98 % des victimes recensées de sous-munitions sont des civils : hommes, femmes, enfants, tués ou blessés lors des bombardements ou longtemps après la fin des conflits lorsqu’ils tentent de reprendre le cours normal de leur vie.
76,8 % des victimes de sous-munitions sont des hommes, 27 % sont des enfants.
Dans 60 % des cas, l’accident a eu lieu au cours d’activités liées au travail (agriculture, élevage, collecte de bois, accès aux puits...). L’agriculture constitue la principale source de revenu des habitants dans une grande majorité des zones polluées. Dans ces pays, la pollution des terres par les sous-munitions est une véritable catastrophe pour une population qui se voit privée de son seul moyen de subsistance.
Au-delà du seul impact agricole, la présence de sous-munitions dans un pays entrave également la reprise économique (blocage des routes, pollution des habitations…) et le retour des personnes déplacées.
Au Vietnam, 97% des familles touchées par les mines et les restes explosifs de guerre gagnent moins de 200 $ par an (l’équivalent de 143 €). À l’image des victimes vietnamiennes, la majorité des personnes touchées par les BASM sont issues des catégories les plus pauvres de la population.
Outre les victimes directes de ces armes, les familles des personnes tuées ou blessées sont également touchées : en plus de l’impact psychologique causé par l’accident, elles subissent la plupart du temps un préjudice socio économique majeur (perte de revenus si la personne blessée ou tuée était en charge de toute la famille, coûts des soins médicaux et de réadaptation, enfants souvent contraints de quitter l’école pour travailler si les parents ne peuvent plus le faire).


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La France
Traité signé et en cours de ratification
Longtemps réticente à l’idée d’un processus spécifique pour l’interdiction des BASM, la France a finalement pris part à partir de 2007 aux négociations visant à un traité d’interdiction. La France a signé le traité le 3 décembre 2008. Pendant ce processus, les représentants français se sont engagés aux côtés d’autres États pour défendre très fermement certaines positions, parmi lesquelles la limitation de l’interdiction aux « BASM les plus dangereuses ». Dès que le traité entrera en vigueur, la France devra répondre à ses obligations :
Ne plus utiliser de BASM
La dernière utilisation de BASM par la France remonte à la guerre du Golfe en 1991, dans le cadre d’une intervention de l’OTAN.
Les entreprises françaises fabriquant des composants de BASM devront cesser leurs productions. Ont produit des sous-munitions ou leurs composants dans le passé : Giat Industries, Matra Armement (aujourd’hui intégrée au consortium européen EADS sous le sigle MBDA), Thomson-Brandt Armements (intégrée au groupe Thalès) et Alkan (également intégrée à EADS).
Ne plus vendre de BASM
Depuis de longues années déjà, la France n’exporte plus de bombes à sous-munitions. Elle en a exporté par le passé (en particulier le modèle Belouga BL-66), notamment en Argentine, en Grèce et en Inde.
Détruire ses stocks
La France devra détruire ses 22 000 roquettes M-26 (qui contiennent environ 14,17 millions de sous-munitions M-77) et ses 13 000 obus OGR (qui contiennent environ 819 000 sousmunitions). En revanche, elle pourra conserver ses 100 missiles Apache et ses 5 500 obus Bonus. Ceux-ci contiennent respectivement 2 et 10 sous-munitions et ne sont pas concernés par l’interdiction.
Financer l’action contre les BASM et l’assistance aux victimes
En 2007, alors que la France représente la 8e puissance mondiale en termes de PIB, elle ne finance que 2,4 millions de dollars (hors contribution aux actions de la Commission européenne) sur les 430 millions débloqués par 26 pays et la Commission européenne. Ce qui la place au 19e rang mondial des pays financeurs, loin derrière les États-Unis, le Danemark, la Suède, la Belgique ou l’Italie... Entre 2005 et 2007, les fonds français débloqués pour l’action contre les restes explosifs de guerre ont baissé de 45 %.

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Fiche technique
Réalisation : Philippe Cosson
Image : Philippe Cosson et Laurent Truchot
Montage : Anny Danché
Montage son : Philippe Bluard
Mixage : Aline Gavroy
Musique originale : John Edwin Graf
Sons et effets sonores : Michel Kharat
Régisseur général au Laos : Viengkham Saenbouttalath et Khamla Thidavanh
Productions : Zagarianka productions / Philippe Cosson (France) et Artémis Productions / Patrick Quinet (Belgique)
Producteur exécutif : Laurent Truchot
Producteur exécutif au Laos : Henri Leu
Attachée de presse : Annie Maurette
Lieux de tournage : Laos : Vientiane, Savannakhet, Sépone et Sékong (frontière Vietnamienne), Etats-Unis : Washington, Arlington, Maryland, Caroline du Nord et Caroline du Sud (Greenville), France : Paris. Salon Eurosatory et Suisse : Genève
Avec le soutien : du Centre National de la Cinématographie (Ministère de la Culture)
Distribution : Bac Films

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

 remerciements à Stella Crespel
logos & textes © www.bacfilms.com
photos © Bac Films et Zagarianka Productions

Publié dans PRÉSENTATIONS

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