* Les herbes folles de Alain Resnais (Studio Canal)

Publié le par 67-ciné.gi-2009











 Les herbes folles comédie dramatique de Alain Resnais


















avec :
Sabine Azéma, André Dussollier, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Michel Vuillermoz de la Comédie Française, Edouard Baer, Annie Cordy, Sara Forestier, Nicolas Duvauchelle, Vladimir Consigny, Dominique Rozan, Jean-Noël Brouté, Elric Covarel-Garcia, Valéry Schatz, Stéfan Godin, Grégory Perrin, Roger-Pierre, Paul Crauchet, Jean-Michel Ribes, Nathalie Kanoui, Adeline Ishiomin, Lisbeth Arazi Mornet, Françoise Gillard de la Comédie Française, Magaly Godenaire, Rosine Cadoret, Vincent Rivard, Dorothée Blanck, Antonin Mineo, Emilie Jeauffroy, Patrick Mimoun, Isabelle Des Courtils et Candice Charles

durée : 1h44
sortie le 4 novembre 2009

***

Synopsis
Marguerite n’avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser.


***

Christian Gailly : « À propos de Les herbes folles réalisé d’après mon roman L’incident lors d’un unique entretien, simple, modeste, murmuré, nous avons partagé nos libertés : Vous faites, lui ai-je dit, tout ce que vous voulez avec ce livre, et en échange vous me laissez travailler tranquille, j’écrivais un autre roman. Le film, je ne l’ai vu qu’une fois, il y a plusieurs mois, mon souvenir consiste en ceci : Monsieur Resnais ne filme pas la littérature, il compose des images qui nous parlent d’autre chose, de quoi, je ne sais pas, mais ça se voit, et c’est à mon avis ce que le cinéma doit être. »

***

Entretien avec Alain Resnais

François Thomas : « Comment avez-vous choisi de porter à l’écran le roman de Christian Gailly L’incident ? »

Alain Resnais : « Le producteur Jean-Louis Livi m’avait demandé de tourner un film pour lui. Au départ, il était convenu que ce serait l’adaptation d’une pièce de théâtre. J’avais déjà lu une trentaine de pièces quand je suis tombé par hasard sur un roman de Christian Gailly, un écrivain dont la voix charmeuse, ironique et mélancolique m’avait frappé dans une émission d’Alain Veinstein sur France Culture. J’ai été séduit par ce roman au point d’en lire immédiatement un autre et de téléphoner le lendemain à Jean-Louis Livi pour lui dire : Ce son, cette blue note que nous cherchons depuis des semaines, je viens peut-être de la trouver. L’écriture de Gailly est si musicale que je me suis aperçu que, si je parlais à quelqu’un après avoir terminé un de ses livres, je me mettais à m’exprimer comme ses personnages. Ses dialogues sont comme des solos ou des numéros de duettistes qui n’attendent que des comédiens pour les dire. Irène Lindon, la directrice des Éditions de Minuit qui ont publié les treize livres de Gailly, nous a appris que les droits cinématographiques de douze d’entre eux étaient disponibles. J’ai donc demandé à rencontrer Gailly. Il m’a donné toute liberté pour le choix du livre que je tournerais, puisque je n’en avais encore lu que quatre, mais il s’est montré inquiet à l’idée que le film bouleverse son emploi du temps car il tenait à consacrer toutes ses forces au roman qu’il était en train d’écrire. Je lui ai donc timidement proposé de ne jamais le déranger, de ne lui demander ni des scènes supplémentaires ni son avis sur l’adaptation ou le choix des comédiens, et de ne lui montrer le film que sous la forme d’une copie standard qu’il approuverait ou non. J’ai vu alors un grand sourire apparaître sur son visage. Les jours suivants, j’ai lu les romans qu’il me restait à découvrir, et j’ai proposé à Jean-Louis Livi de porter à l’écran L’incident, auquel il avait déjà pensé de son côté. Ce livre était plus cher que d’autres à filmer, mais Livi, avec l’aide de la productrice exécutive Julie Salvador, a considéré que nous pouvions tenter l’aventure. »

François Thomas : « Qu’est-ce qui vous séduisait particulièrement dans L’incident ? »

Alain Resnais : « J’y ai senti un côté syncopé, comme improvisé, un art de la variation sur des standards, au sens musical du terme. J’ai aussi été marqué par l’entêtement de Georges Palet et Marguerite Muir, les protagonistes, qui sont incapables de résister à l’envie d’accomplir des actions irrationnelles, qui déploient une vitalité incroyable dans ce que l’on peut considérer comme une course à l’erreur. L’incident parle du désir de désir (la formule est de Livi), ce désir qui naît chez Georges à partir de rien, avant même qu’il ait rencontré Marguerite ou qu’il lui ait parlé au téléphone, puis qui s’alimente de lui-même. »


François Thomas : « Pourquoi avez-vous donné pour titre au film Les herbes folles ? »

Alain Resnais : « Cela me semblait correspondre à ces personnages qui suivent des pulsions totalement déraisonnables, comme ces graines qui profitent d’une fente dans l’asphalte en ville ou dans un mur de pierre à la campagne pour pousser là où on ne les attend pas. »

François Thomas : « Vous êtes resté fidèle au dialogue du roman. »

Alain Resnais : « Oui, bien sûr, puisque c’est ce dialogue qui m’attirait. De toute façon, Gailly nous a servi de référence du début à la fin, c’était notre diapason pour essayer de garder le ton juste. Que ce soit André Dussollier, Sabine Azéma, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Matthieu Amalric ou Michel Vuillermoz, les comédiens (j’aimerais les citer tous) ont lu avec passion plusieurs de ses livres et cela a stimulé leur créativité. Pour moi, c’était le bonheur ! Le même phénomène s’est produit avec les techniciens. Quand nous devions trouver une solution à un problème donné, c’était l’ensemble de l’oeuvre de Gailly qui nous l’inspirait. Au tournage, nous avons cherché des équivalences au style de Gailly, à cette façon d’interrompre une phrase en plein milieu par un point, aux fluctuations du narrateur interprété par Edouard Baer qui se reprend ou se corrige, sans oublier les contradictions flagrantes des personnages et de leurs pulsions successives. Gailly met souvent l’affirmation et la négation dans la même phrase, donc en écrivant l’adaptation avec Laurent Herbiet, nous avons tenté de concevoir un découpage technique qui se rapproche de cette dualité, qui fasse coexister le oui et le non dans les collures et dans le jeu des acteurs. Tous ces choix se sont faits naturellement, avec entrain, et sans plan préconçu puisque je tourne pour voir comment ça va tourner. Le décorateur Jacques Saulnier et le chef opérateur Éric Gautier, qui étaient là dès le premier jour, ont travaillé dans la même direction. Dans un décor, il y a une touche de couleur, elle est arrêtée là, comme un coup de pinceau, on passe à une autre couleur. Gautier n’a pas hésité à utiliser la couleur sans mélanger les teintes. Les couleurs se succèdent, sans transition, elles ne se fondent pas. Et le compositeur Mark Snow a cherché des effets de rupture, de syncope, en employant des styles musicaux très différents d’une scène à l’autre. Lorsqu’on a un guide comme Gailly, il suffit de se laisser porter. »


***

Blutch : « C’est assez délicat de faire une image d’après d’autres images.
Comment montrer sans dévoiler ? Éviter l’anecdote, la trop sage illustration, la paraphrase en somme...
J’ai tenté de traduire dans mon travail ce que je devinais d’Alain Resnais ; je veux dire le goût du mystère.
»


***

Fiche technique
Réalisation : Alain Resnais
Scénario : Alex Réval et Laurent Herbiet
D’après le roman : L’Incident de Christian Gailly Aux Editions de Minuit
Image : Eric Gautier (A.F.C.)
Décors : Jacques Saulnier
Costumes : Jackie Budin
Son : Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy et Gérard Lamps
Assistant mise en scène : Christophe Jeauffroy
Scripte : Sylvette Baudrot
Montage : Hervé de Luze
Musique : Mark Snow
Producteur : Jean-Louis Livi
Productrice exécutive : Julie Salvador
Coproducteur : Valerio De Paolis
Une coproduction franco-italienne : F Comme Film, StudioCanal, France 2 Cinéma et Bim Distribuzione
Avec la participation de : Canal+, Tps Star et Eurimages
En association avec : Cinémage 3
Avec la participation du : Centre National de la Cinématographie
Avec le soutien de : la Région Ile-de-France
Ventes internationales : Orly Films
En association avec : Coach 14

***

 
présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article