* Divorces

Divorces comédie de Valérie Guignabodet


avec :
François-Xavier Demaison, Pascale Arbillot, Mathias Mlekuz, Brigitte Catillon, Juliette Arnaud, Zinedine Soualem, Cyril Couton, Nathalie Corré, Serge Hazanavicius, Geneviève Casile, Gilles Gaston-Dreyfus, Valentine Bouly, Julie Quehen, Frédéric Maranber et Marianne Groves
durée : 1h40
sortie le 14 octobre 2009
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Synopsis
Un couple d’avocats défend le divorce du 21ème siècle : aimable et à l’amiable, avec garde alternée et famille recomposée, loin des atroces scènes de ménage de la génération précédente. Mais le jour où leur couple vole en éclat, il faut passer de la théorie à la pratique : fini les beaux discours, place à la guerre...

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Entretien avec Valérie Guignabodet
- : « Après Mariages !, Divorces… évidemment ? »
Valérie Guignabodet : « Et oui, c’est hélas aujourd’hui la suite logique pour un couple sur trois en France et même un couple sur deux dans les grandes villes… Le phénomène s’amplifie d’année en année et commence à prendre la forme d’une véritable révolution de moeurs qui bouleverse l’ensemble de notre société. Et paradoxalement, il y a très peu de films sur le divorce. On se souvient bien sûr du bouleversant Kramer contre Kramer de Robert Benton, un pur drame, et de La guerre des roses de Danny DeVito, une pure comédie, sortis respectivement en 1980 et 1990… Et depuis ? Beaucoup de films sur l’avant divorce (la séparation) et sur l’après divorce (la solitude ou la famille recomposée) mais pas grand chose sur le divorce même. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que, malgré sa banalisation, le divorce continue à faire peur. Peut-être reste-t-il dans le fond de nos consciences quelques bribes du tabou absolu qu’était le divorce il y a 50 ans, de cette peur collective qui continue peut-être de nous hanter… ce qui rend le sujet d’autant plus passionnant ! »
- : « La suite logique, donc ? »
Valérie Guignabodet : « Ce n’est pas la suite directe, puisqu’il ne s’agit ni des mêmes personnages, ni de la même histoire. En tant que spectateur, je déteste les suites qui sont souvent des resucées plus ou moins heureuses d’un succès commercial. Les seuls liens directs entre les deux films sont les prénoms des deux personnages principaux, que je me suis amusée à conserver, et un petit clin d’oeil avec la reprise du couple de cousins (joués par Marianne Groves et Frédéric Maranber) que l’on voyait bien mal en point dans Mariages ! et que l’on trouve ici en plein divorce… Disons que Divorces n’est pas la suite mais la poursuite de Mariages !… La poursuite de l’exploration d’un thème passionnant : le couple, dernière grande aventure collective du 21ème siècle… Monique parlait de l’ennui dans le couple : comment un homme plaqué pour cause de lassitude choisit de se lancer dans une aventure avec une créature qui ne lui demandera rien. Mariages ! parlait de la difficulté de l’engagement : pourquoi y croire encore quand partout autour de nous le mariage est voué à l’échec ? Divorces parle de la réalité de la séparation : à l’heure où le divorce est présenté partout comme une étape presque inéluctable de la vie sentimentale, où la multiplicité des amours semble devenir le seul gage d’une vie sexuelle et sentimentale épanouie, j’avais envie d’ausculter la réalité des faits. Comment en arrive-t-on à se dire : C’est fini. On part chacun de son côté en menant chacun sa vie. ? Je suis moi-même divorcée, je sais de quoi je parle : aujourd’hui, quand on n’aime plus sa vie, on change de couple plutôt que de changer de vie, alors autant savoir à quoi on s’expose… Et la réalité est souvent beaucoup plus dure que l’image édulcorée qu’on nous présente aujourd’hui. En fait c’est un film qui devrait être conseillé à tous ceux qui ont envie de se séparer… et à tous ceux qui n’ont pas envie de se séparer ! »

- : « La poursuite est-elle terminée ? »
Valérie Guignabodet : « J’espère bien que non ! Le couple est un sujet inépuisable et comme, en plus, j’ai enfin trouvé le coscénariste dont je rêvais, Franck Philippon, j’espère vraiment qu’ensemble nous continuerons à creuser ce sillon passionnant. Mais nous ne sommes pas pressés : il faut du temps pour se renouveler et tenter d’apporter à chaque film une véritable réflexion. »
- : « Mais trois comédies sur quatre films, vous vous spécialisez quand même ? »
Valérie Guignabodet : « D’abord, je ne suis pas sûre que mes films soient vraiment des comédies… ou alors des comédies qui font aussi pleurer ! Et puis c’est quoi exactement une comédie ? Annie Hall de Woody Allen et Les bronzés de Patrice Leconte sont au rayon « excellentes comédies » et pourtant il n’y a pas beaucoup de rapport entre les deux ! Pour moi le rire, c’est une façon élégante d’explorer le tragique. Et les relations de couple, malgré leur grande banalité, confinent souvent au tragique… C’est dur de faire rire, c’est dur de faire réfléchir… et si en plus on pleure, tout ça dans un même film, alors tant mieux ! Mais c’est vrai que j’aime les dialogues qui fusent, qui détournent le cliché, qui étonnent ou prennent à contre pied. Sur un seul mot, parfois, un pauvre petit spermophile, je suis capable d’y passer des heures… Et j’aime aussi explorer les phrases d’auteurs : d’où les citations dans Mariages ! et dans Divorces. Une citation, c’est une phrase pertinente qui fait sourire et réfléchir, et qu’on a envie de retenir. Tout ce qu’on rêve de réussir dans un dialogue… »
- : « Le pari de prendre des acteurs ayant peu de premiers rôles à leur actif était-il risqué ? »
Valérie Guignabodet : « Quand je prépare un film, je me mets en permanence en état de spectateur : qu’est-ce que j’aurais envie de voir ? Je suis comme beaucoup de spectateurs d’aujourd’hui, j’aime découvrir ou redécouvrir des nouvelles têtes. Quand le cinéma tourne trop autour des mêmes acteurs, cela finit par tuer le désir car les personnages ne nous emportent plus. Et d’ailleurs le public ne s’y trompe pas et ne juge plus les films sur leur casting : on le voit de plus en plus bouder des films de vedettes et célébrer des bons films avec des inconnus… J’essaie donc autant que possible d’apporter des surprises dans un casting. C’était un des plaisirs de Mariages ! : découvrir Jean Dujardin dont c’était le premier rôle important au cinéma, redécouvrir Lio et Miou-Miou qu’on n’avait pas eues dans des comédies depuis longtemps. Voir Mathilde Seigner dans un rôle grave et presque muet ou retrouver le très rare Sami Frey contribuait au plaisir de Danse avec lui. Et j’espère qu’on trouvera dans Divorces le même plaisir de la découverte. En tout cas en tant que metteur en scène ça a été un bonheur de proposer à François-Xavier Demaison son second premier rôle après Coluche, l’histoire d’un mec de Antoine de Caunes ou d’offrir à la merveilleuse Pascale Arbillot la rampe de lancement qu’elle mérite depuis si longtemps… Quant à l’aspect financier, c’est bien entendu plus facile de monter des films avec des stars mais Philippe Godeau est un producteur courageux qui choisit un scénario avant de choisir un casting, et j’ai aussi la chance d’avoir fait jusque là des films qui ont bien marché et qui m’ont valu une certaine confiance de la part des coproducteurs et donc une certaine liberté : autant l’utiliser pour explorer de nouvelles voies. Et pourvu que ça dure ! »

- : « Comment avez-vous choisi François-Xavier Demaison et Pascale Arbillot ? »
Valérie Guignabodet : « François-Xavier, je suis allée voir son spectacle et au bout de trois minutes, l’évidence s’est imposée : il fallait que je tourne avec lui ! Franck Philippon et moi avons écrit le scénario en pensant constamment à lui mais malheureusement, il n’était pas libre aux dates où nous voulions tourner. J’ai alors cherché ailleurs, mais rien, ni personne ne s’imposait… Jusqu’au jour où il m’a rappelée pour me dire que le film qu’il devait faire avait été décalé et qu’il était à nouveau libre. La rencontre entre un rôle et un acteur, c’est comme une histoire d’amour : une question de désir mutuel et de bon timing ! L’alchimie s’est faite, immédiate. C’est extrêmement facile et agréable de travailler avec François-Xavier. Il possède une amplitude de jeu exceptionnelle, est capable de passer dans la même réplique du comique le plus pur au drame le plus absolu. Il est d’une grande intelligence, il a une énorme capacité de travail et ne se plaint jamais. Même quand il se retrouve à faire des allers-retours en avion pour tourner avec nous pendant la journée et jouer son spectacle à l’autre bout de la France le soir, le lendemain matin il est sur le plateau à 7 heures, et toujours avec le sourire… Des qualités hélas suffisamment rares pour ne pas le remarquer ! Je retrouve le même sentiment qu’avec Jean Dujardin au moment de Mariages ! : un potentiel comique hors du commun renforcé par une grande sensibilité et beaucoup de travail. Ça donne le pressentiment d’un destin fort. Je pense que François-Xavier, s’il fait les bons choix de films, va aller très loin. Pascale Arbillot, je la connais et l’observe depuis très longtemps. Pascale, c’est d’abord une sensibilité à fleur de peau et une grande intelligence de jeu affinée par des années de travail : télé, théâtre au plus haut niveau, cinéma dans des rôles très variés. Regardez Coco de Gad Elmaleh, Parlez-moi de la pluie de Agnès Jaoui et Divorces : vous ne la reconnaîtrez tout simplement pas. À l’opposé des acteurs qui imposent leur personnalité au rôle et finissent parfois par lasser, elle se fond dans les rôles, elle devient ses personnages. En plus, elle a le rythme dans la peau. Avec mes dialogues mitraillettes, j’ai besoin que ça fuse et en même temps que ça reste juste, vrai, humain tout le temps. C’est une équation très difficile à obtenir d’un acteur : souvent le rythme tue l’émotion et vice et versa. Elle fait partie des rares qui peuvent manier les deux. Pour tous les autres rôles, avec mon directeur de casting Gérard Moulevrier, nous nous sommes amusés à réunir une brochette de comédiens venus d’univers très différents : Geneviève Casile, Brigitte Catillon, Serge Hazanavisius, Juliette Arnaud, Zinedine Soualem… et Gilles Gaston-Dreyfus, une sorte de mascotte sur mes tournages, puisqu’il les a tous faits. Mari frustré dans Monique, prêtre dans Mariages !, moniteur d’équitation dans Danse avec lui, et pompier dans Divorces : il s’empare de chaque rôle avec délectation et me surprend à chaque fois. »
- : « Un tournage joyeux, donc ? »
Valérie Guignabodet : « À la fois joyeux et très studieux… Nous avons énormément travaillé avant le tournage : tous les acteurs principaux avaient répété toutes les scènes importantes. Cela nous a permis d’affiner certaines scènes et certains dialogues et d’arriver sur le tournage avec une confiance et une liberté extraordinaires afin de se concentrer sur l’essentiel. Même si le jeu était très délicat à réussir, d’un point de vue technique, ce n’est pas un film qui posait des problèmes particuliers de tournage, le scénario n’imposant pas de cascades ou de prouesses particulières… Cependant lorsque tout est simple d’un point de vue technique, il est facile d’oublier de travailler l’image et le son et de se retrouver avec une lumière plate, un mauvais son et une musique banale. Dans le métier, on dit parfois avec beaucoup de condescendance : C’est une image de comédie. Mais une belle image de comédie, c’est ce qu’il y a de plus dur à réussir, justement parce qu’on ne peut pas se raccrocher à des prouesses visuelles ou un univers original et qu’on doit rester dans la vraie vie au risque de perdre la crédibilité de l’histoire. Mais là, avec toute l’équipe - image, son, beauté, décors - chacun s’est surpassé pour que ça soit le plus vrai et le plus beau possible… J’espère qu’on a réussi. »
- : « Le mot de la fin ? »
Valérie Guignabodet : « Laissons-le à Oscar Wilde : Le mariage est la principale cause de divorce. L’amour rend aveugle, le mariage rend la vue. Les hommes se marient par lassitude, les femmes par curiosité... Les deux sont déçus. »

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Fiche technique
Réalisation : Valérie Guignabodet
Scénario : Valérie Guignabodet et Franck Philippon
Dialogues : Valérie Guignabodet
Image : Pierre Gill c.s.c
Son : Jean Minondo et François Groult
Montage : Thierry Derocles
Décors : Thérèse Ripaud
Costumes : Anne Schotte
Maquillage : Françoise Chapuis Asselin
Coiffure : Philippe Arqué
Assistante réalisation : Véronique Labrid a.f.a.r
Scripte : Brigitte Hédou-Prat
Casting : Gérard Moulévrier a.r.d.a
Régie : Didier Carrel
Photos de plateau : Chantal Thomine Desmazures et Émilie De La Hosseraye
Making of : Emmanuel Trousse
Musique originale : Nicolas Errera
Supervision musicale : Valérie Lindon pour Ré Flexe Music
Musique originale composée et dirigée par : Nicolas Errera, enregistrée aux Studios de la Seine par Sébastien
Mixée aux Studios Enka © et 2009 Pan-Européenne
Directeur de production : Jean-Jacques Albert
Productrice associée : Nathalie Gastaldo
Produit par : Philippe Godeau
Une coproduction : Pan-Européenne, StudioCanal, France 2 Cinéma et Mabellewed
Avec la participation de : Canal +, Tps Star et France Télévisions
Divorces © 2008 Pan-Européenne – Studiocanal – France 2 Cinéma – Mabellewed
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com