* Quelque chose à te dire
Quelque chose à te dire comédie dramatique de Cécile Telerman
avec :
Mathilde Seigner, Olivier Marchal, Pascal Elbé, Charlotte Rampling, Patrick Chesnais, Sophie Cattani, Marina Tomé, Gwendoline Hamon, Laurent Olmedo et Françoise Lebrun
durée : 1h40
sortie le 27 mai 2009
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Synopsis
La famille Celliers est une famille ordinaire : tous les membres qui la composent sont complètement timbrés.
Mady, mère au foyer, la soixantaine éclatante, passe la majeure partie de son temps à dire des horreurs de ses deux filles et de son mari, Henry, ancien grand patron, être étrange qui régresse bizarrement depuis son départ à la retraite. Antoine, le frère aîné, chef d’entreprise incapable de gérer une société, enchaîne faillite sur faillite tandis qu’Alice, sa soeur, peint compulsivement, entre deux avortements, des madones dépressives et toxicomanes. Quant à Annabelle, infirmière dans une unité de soins intensifs, elle tente désespérément de sauver ses proches en leur prédisant l’avenir dans les cartes.
Tout irait dans le meilleur des mondes chez les Celliers si Alice ne croisait pas «par hasard», un soir de déprime, Jacques, flic solitaire et désabusé, grain de sable qui viendra gripper les rouages parfaitement huilés de leurs névroses familiales. Tout éclatera... pour le meilleur ou pour le pire.
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Entretien avec Cécile Telerman
- : « Quelque chose à te dire est le second film que vous réalisez après Tout pour plaire. Comment est née cette histoire ? »
Cécile Telerman : « J’avais envie d’écrire un film sur la famille et les conflits familiaux. Cette idée m’est venue au moment où j’avais terminé le scénario de Tout pour plaire, pendant cette période stressante où l’on est en quête des financements et à la recherche du casting. On attend beaucoup de réponses, on ne fait pas grand-chose, on a le temps de cogiter ! Je voulais parler d’une histoire de famille mais surtout d’une histoire de transmissions, à savoir, qu’est-ce qu’on récupère de nos parents ? Comment cet héritage conditionne notre existence ? Comment fait-on le tri de ces valeurs ? Et pour éviter de tomber dans la chronique familiale, je souhaitais écrire une histoire un peu tarabiscotée. »
- : « Aviez-vous déjà en tête l’idée de co-écrire avec Jérôme Soubeyrand ? »
Cécile Telerman : « C’est une collaboration qui s’était très bien passée sur mon premier film Tout pour plaire. À l’époque, j’avais cherché un co-auteur qui accepte d’entrer dans mon monde et de ne pas toucher à ce qui me tenait vraiment à coeur. Jérôme Soubeyrand a accepté de prendre cette position, qui n’est pas évidente, au premier abord. Ça s’est très bien passé. Nous avons donc naturellement réitéré cette collaboration, de façon évidente. »
- : « Quel a été le parti pris en écrivant le film ? »
Cécile Telerman : « Jérôme et moi voulions écrire une histoire forte, en ne se souciant pas de se dire : tant pis si les coïncidences sont énormes ; tant pis si ça relève du conte de fée ; tant pis si ce n’est pas complètement crédible. C’est vrai qu’au cinéma, on est plus accro à la crédibilité que dans la vie. Je vois cette histoire un peu comme une fable. Ce qui peut en déranger certains. Soit le spectateur acceptera ce principe de la fable en s’accordant sur le côté mélo, un peu romantique de cette souffrance et de ces obstacles, soit il y aura des réactions plus rationnelles comme ça ne tient pas debout. Mais c’est un parti pris que l’on assume et que l’on défend. »
- : « Vos personnages sont forts et tous très différents, bien que de la même famille. Ils ont un point commun cependant, c’est la souffrance ? »
Cécile Telerman : « Ce sont des gens qui souffrent parce qu’ils n’osent pas prendre le droit de dire qui ils sont et de vivre ce qu’ils désirent profondément. Mady vit avec une croyance qui conditionne sa vie, celle d’un amour idéal avec un homme qui est mort et dont elle n’a jamais pu faire le deuil. Et à partir de là, elle communique à ses enfants cette souffrance, à savoir qu’elle n’est pas heureuse. Mady dit d’ailleurs que «le vrai bonheur est très ennuyeux quand on manque de rien». Ce n’est pas très exaltant dans le fond. »
- : « Est-ce que Mady, la mère de famille (interprétée par Charlotte Rampling) porte un costume qui n’est pas le sien ? »
Cécile Telerman : « C’est une vraie ambivalente. Elle vit avec des souvenirs qui la font souffrir, mais en même temps elle est dans une certaine réalité qui est très confortable. Elle n’est pas que mauvaise mère. Elle aime aussi ses enfants, même si elle fait le contraire de ce qu’elle dit et elle dit le contraire de ce qu’elle fait. Ce qui pour des enfants n’est pas très rassurant ! »
- : « Et pour ses trois enfants : Antoine (Pascal Elbé), Alice (Mathilde Seigner) et Annabelle (Sophie Catani) ? »
Cécile Telerman : « Chacun des enfants s’est approprié une partie de la souffrance et du secret. Antoine rate tout car il sent bien qu’il a un modèle paternel qui lui échappe. La relation avec son père le terrorise. Il sait qu’il n’est pas à la hauteur de ses espérances mais il n’y peut rien. Il est embourbé dans son incapacité sans comprendre pourquoi. Alice est une artiste peintre qui décide de vivre en vrai ce que sa mère n’a pas pu vivre. Le conflit violent entre elles deux la pousse à une forme d’autodestruction. Annabelle, l’infirmière, avance sur un pied entre une relation avec un homme marié et les prédictions du tarot. En somme, les enfants ne peuvent pas évoluer car tout repose sur un secret. »
- : « Vous parlez du poids des secrets de famille ? »
Cécile Telerman : « Oui, la particularité des secrets de famille, c’est qu’ils sont sous nos yeux mais qu’on ne veut ou ne peut les voir. Avec un paradoxe qui est que ce qu’on ne voit pas chez soi, nous saute aux yeux chez les autres. Quand les gens parlent de leur famille, il suffit de tirer un peu sur un fil pour faire éclater une vérité. Notre inconscient enregistre des choses que l’on sait et que l’on ne veut pas rendre conscient. La famille est un terrain qui permet de dévoiler tout ce qu’on peut savoir sur l’un ou sur l’autre. Quand j’ai commencé à faire lire le scénario, chaque personne me racontait un secret de sa propre famille ou de quelqu’un de proche, c’était très émouvant... »
- : « Est-ce qu’on peut dire que chaque personnage a un côté double ? »
Cécile Telerman : « Bien sûr. Il y a ce qu’on voudrait être et ce que l’on est réellement en soi. Il y a le paraître et l’être. Et pour revenir à Alice, c’est elle qui va justement crever l’abcès. Qui va mener un combat de façon violente, en lutte contre sa mère. Là où il y a un secret, là où le pardon est bloqué, je pense que l’amour ne circule pas. Et c’est très suicidaire. D’un autre côté, si on garde le secret, c’est aussi la peur de détruire la famille. Par exemple, dans les familles avec une histoire incestueuse, si la mère dénonce son mari, le père va aller en prison et la famille va être confrontée à une honte sociale. Face à ses responsabilités. »
- : « Parlez-nous de vos acteurs. Avez-vous écrit en pensant à eux ? »
Cécile Telerman : « Le casting s’est fait en plusieurs étapes. C’est très compliqué de faire un casting, surtout dans un film choral qui engendre des rapports familiaux. Parce qu’il faut que l’on puisse croire à une vraie parenté. D’un autre côté, dans un film choral, il faut que les personnages aient des identités et points de vue différents. Si tout le monde pense la même chose et se ressemble, les points de vue s’annulent, et tout devient plat. J’ai tout de suite pensé à Mathilde Seigner, avec qui je m’étais très bien entendue sur Tout pour plaire, et qui est une actrice remarquable. Je savais, et je ne me suis pas trompée qu’elle oscillerait à merveille entre la femme rebelle et violente, et la femme romantique, éprise et fragile. Et pour le rôle d’Antoine, Pascal a été une évidence. Il est tout en nuances dans ce rôle du fils, englué dans sa douleur qui quelques fois peut même nous faire rire sans jamais devenir pour autant ridicule. Pour Annabelle, j’ai été séduite par Sophie Catani dans Selon Charlie de Nicole Garcia. C’est une actrice atypique et très expressive. Pour Jacques, Olivier Marchal, je ne le connaissais pas bien mais je l’avais trouvé formidable dans l’adaptation d’une nouvelle de Maupassant. Je le trouve magnifique dans ce rôle d’homme brisé qui reste dans la solitude du sentiment amoureux. Il dégage une tendresse, même de l’amour. Pour Henry, le père, Patrick Chesnais m’a époustouflé, avec son jeu tellement subtil. Charlotte Rampling a été également une découverte et une parfaite Mady. Charlotte est une femme hors du commun. Je suis très fière de mes acteurs. Je suis très contente et profondément touchée par tout ce qu’ils m’ont donné, ils ont nourri le film comme je le souhaitais. »
- : « Quel était votre relation avec les acteurs et précisément dans le jeu et la direction ? »
Cécile Telerman : « J’adore travailler avec les acteurs. Entendre un acteur interpréter les mots que j’ai écrits de la façon que je les avais imaginés est pour moi un immense bonheur. Et si on est sur la même longueur d’onde au niveau de l’histoire, que demander de plus ! »
- : « Vous êtes scénariste, réalisatrice et co-productrice de votre film. Comment s’est passé le tournage ? »
Cécile Telerman : « J’ai à nouveau partagé cette aventure avec mon producteur Yann Gilbert. Grâce à lui et à cette confiance réciproque qui nous lie depuis des années, au-delà de l’histoire que j’ai écrite, j’ai la chance de choisir toute mon équipe technique et mes acteurs. Je connais tous les moyens qui sont mis à ma disposition, dans la plus grande transparence. Il semble que ce type de collaboration soit de moins en moins fréquente ou peut-être que cela a toujours été rare. Bref, ça s’est fait dans le bonheur. Demain, je le refais. »
- : « Votre film débute par un Ave Maria. Vous défendez l’idée de la madone ? »
Cécile Telerman : « Je ne sais pas si c’est une idée qui se défend ! Quand j’étais petite, mes parents m’ont beaucoup traînée dans les musées. Je me souviens qu’en Italie, j’étais frappée par la tristesse de ces madone con bambino et par le visage de petit vieux du bambino. J’ai trouvé drôle de partir de ce symbole de la maternité et de féminité (ni mère, ni femme) pour parler du désir des femmes en général, et plus particulièrement de la maternité et du désir d’enfant. Pour en revenir au film, je pense que le plus grand désir pour une femme amoureuse, c’est d’avoir un enfant de l’homme dont elle est amoureuse. D’ailleurs Mady révèle tout de même je suis tombée enceinte, mais ce n’était pas un accident. »
- : « C’est aussi la quête de la liberté ? »
Cécile Telerman : « Bien sûr. Nous posons la question de savoir si nous sommes des êtres libres ou si nous restons enchaînés au schéma familial et dans quelle mesure le schéma familial peut nous paralyser. C’est aussi un film sur la quête de liberté et conséquemment sur celle de l’identité. Au moins, choisissons nos contraintes, ne subissons pas celles des autres. »
- : « Qu’est ce que la liberté ? »
Cécile Telerman : « C’est assumer ses choix et choisir ses propres limites. Pour moi, la liberté ce n’est pas quelque chose d’infini sans limites, ce n’est pas l’anarchie. Comme Mady dans le film, je trouve qu’aujourd’hui les jeunes manquent de limites et que cela les angoisse énormément pour comprendre et construire leur liberté. Bizarrement, je crois que la liberté, dans les pays libres bien sûr, ça s’apprend. »
- : « Comment définiriez-vous votre univers ? »
Cécile Telerman : « Je suis sur les gens. J’aime autant leurs défauts que leurs qualités. Ils m’intéressent. Pour l’instant en tout cas. Par exemple, j’adore les thrillers psychologiques et qui sait si un jour je ne tournerais pas un film comme ça. Mais je m’inspirerais plus d’un film comme Le silence des agneaux que Les experts Miami (rires...). »
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Fiche technique
Réalisatrice : Cécile Telerman
Scénario, adaptation et dialogues : Cécile Telerman et Jérôme Soubeyrand
Image : Robert Alazraki A.F.C.
Décors : André Fonsny
Montage : Marie Castro
Costumes : Jacqueline Bouchard
Coiffeur : Gérald Porcher
Maquilleur : Jacques Clémente
Son : Jean Minondo, Mireille Leroy et Thierry Lebon
Scripte : Donatienne de Goros
Assistant réalisateur : Patrick Cartoux
Casting : Gérard Moulevrier Arda
Musique originale : Jacques Davidovici
Musique originale additionnelle : Lucas Martinez et Patrick Morgenthaler
Directeur de production : Gilles Martinerie
Produit par : Yann Gilbert et Cécile Telerman
Une coproduction : La Mouche du Coche Films, Les Films de la Greluche, StudioCanal et TF1 Films Production
Avec la participation de : Canal+ et Cinécinémas Multithématiques
Et avec le soutien du : Cnc - Aide au Développement ett de la Procirep / Angoa
Ventes à l’étranger : StudioCanal
bof disponible sur : www.believe.fr/jacquesdavidovici
Musique originale interpretée par : The Bulgarian Symphony Orchestra - Sif 309
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com
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