* Le sens de la vie pour 9.99$

Le sens de la vie pour 9.99$ animation de Tatia Rosenthal


avec :
Geoffrey Rush, Anthony Lapaglia, Samuel Johnson, Claudia Karvan, Joel Edgerton, Barry Otto, Leanna Walsman, Ben Mendelsohn, Jamie Katsamatsas et Brian Meagan
durée : 1h18
sortie le 29 avril 2009
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Synopsis
« Quel est le sens de la vie ? Pourquoi existons-nous ? La réponse à cette question cruciale est enfin à votre portée ! Commandez dès maintenant « Le Sens de la Vie », notre brochure de référence, superbement illustrée et formidablement instructive. Elle est à vous pour seulement 9,99$ ».
Cette publicité va bouleverser la vie de Dave Peck, jeune homme au chômage. Brochure en main, celui-ci s’empresse de faire partager sa découverte, en commençant par ses improbables voisins d’immeuble : un vieil homme et son ange gardien râleur, un magicien endetté, une top-model charmeuse allergique aux poils, un étudiant aux prises avec une bande de jeunes alcooliques de 5 cm de haut et un petit garçon qui se lie d’amitié avec son cochon-tirelire.
Sauront-ils suivre les préceptes de la fameuse brochure ?

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Entretien avec Tatia Rosenthal
- : « A quand remonte votre engouement pour les nouvelles d’Etgar Keret ? »
Tatia Rosenthal : « Bien avant de penser au cinéma, j’avais lu un article qu’Etgar avait écrit pour un quotidien : c’était un texte très singulier et qui ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. Son style était déconcertant et la façon dont il évoquait l’humain à la fois grinçante et émouvante. Je pense qu’aujourd’hui il fait partie des grands poètes de la littérature israélienne contemporaine, parce qu’il porte un regard décalé et souvent dérangeant sur la famille, la société. C’est un visionnaire. Il est devenu un romancier incontournable, un classique, même si je sais qu’il n’aime pas ce terme. »

- : « Dans ses interviews, Etgar Keret réfute le terme d’absurde et lui préfère celui d’hyperréalisme pour qualifier son humour… »
Tatia Rosenthal : « Il a raison, même si c’est l’un des mots qui revient régulièrement dans les premières critiques de presse du film. Lorsque le mélange des tons qui caractérise son oeuvre échappe aux gens, ils se rassurent en parlant d’absurde, alors que la vie est beaucoup plus complexe à cerner. C’est ce que tente de faire Etgar en révélant la nature humaine aussi bien derrière le cocasse que le tragique et le fantaisiste. Il ne cherche pas à nous montrer sous un jour ridicule ou à nous critiquer, mais à nous comprendre. »
- : « Est-ce que l’on peut parler de coup de foudre cérébral entre Etgar et vous ? »
Tatia Rosenthal : « Oui, en tous cas de mon côté. Faire un film, d’animation qui plus est, réclame tellement d’énergie qu’il faut un point de départ qui éveille votre passion. C’est aussi pour cette raison que mes films reposent sur des matériaux préexistants : toute seule, je serais en permanence rongée par le doute, alors si je peux me rassurer au moins sur cette partie du processus créatif, j’en profite. J’ai eu également la chance de travailler le scénario avec Etgar. Il s’est montré très flexible quant au choix des nouvelles que je voulais adapter : j’en ai choisi six, nous avons trouvé ensemble l’architecture qui les réunirait et le scénario a été terminé en trois semaines. »

- : « Lorsque vous étudiez à l’Université de New York, pourquoi avoir choisi l’animation comme vecteur d’expression ? »
Tatia Rosenthal : « Tout vient de la peinture. Au lycée déjà, je passais beaucoup de temps sur les toiles puis en intégrant l’Université, j’ai suivi un cours formidable sur l’animation professé par John Canemaker, un grand nom de l’Histoire de l’animation. Je me souviens que vers l’âge de 10 ans, on m’avait laissé regarder Le monde selon Garp avec Robin Williams : il y a une scène où le garçon peint et dessine face à son père et j’avais été bouleversée lorsque ce dessin prenait soudain vie en une séquence d’animation. La passion du cinéma est née à ce moment-là, de mon excitation doublée d’une frustration d’amateur. ça n’est que plus tard que j’ai découvert que John Canemaker était l’animateur de cette séquence du film ! Pour moi, l’animation est un art où la liberté de création est absolue. Tout devient possible, y compris innover au sens artistique, parce que les progrès de la technologie servent l’imaginaire, au lieu de le formater comme dans beaucoup de films traditionnels. »
- : « La solitude, le matérialisme, l’individualisme sont parmi les nombreux thèmes abordés dans votre film… »
Tatia Rosenthal : « Je me sens concernée et cernée par tous. Mais avant tout, j’ai construit le film autour d’un espoir pour l’homme qui réside en un mot : l’empathie. Ça n’est pas un don, c’est une qualité qui se travaille : si les gens essayent de voir au-delà de leur intérêt propre et surtout audelà de celui d’un groupe, ils se rendent compte que l’autre aspire au même bonheur. Il ne s’agit pas d’un discours religieux, encore moins de prosélytisme, mais juste d’un idéal vers lequel tendre. »
- : « Est-ce que le succès commercial des productions Aardman, avec Wallace et Gromit, ont ouvert la voie à de jeunes artistes comme vous ? »
Tatia Rosenthal : « Sans eux, je suis certaine que le financement des films d’animation image par image serait plus difficile, parce que les gens resteraient convaincus qu’ils ne s’adressent qu’à un public restreint. Les productions Aardman et Tim Burton ont prouvé que l’on pouvait combiner cet art avec une vision d’auteur et toucher beaucoup de spectateurs. Techniquement, je suis fascinée par leur travail, mais culturellement, mes influences viennent d’ailleurs : de la littérature, du Short Cuts de Robert Altman que je voulais, à une époque, adapter en film d’animation, puis de Magnolia de Paul Thomas Anderson. Je me retrouve aussi énormément dans le cinéma de Wes Anderson… »

- : « Est-il pour autant facile de trouver un financement à un film d’animation qui s’adresse à un public plus averti ? »
Tatia Rosenthal : « Je n’ai pas rencontré de problèmes liés à la sexualité, au suicide ou à d’autres sujets difficiles abordés dans le scénario. Le problème était ailleurs : on pouvait produire ce film aux Etats-Unis, mais en passant par le circuit indépendant, ce qui signifiait pour moins d’un million de dollars. Vu l’ampleur du projet, c’était impossible. Le fait que les Australiens, et pour partie le gouvernement de ce pays, s’engagent dans le projet l’a rendu viable, avec une pression commerciale beaucoup moins forte. De toute façon, je n’aurais cédé à aucun compromis sur le sujet même du film. »
- : « Pourquoi avoir délibérément situé l’action du film dans une ville sans référence spécifique à un pays ou à une culture ? »
Tatia Rosenthal : « Cela accompagne le message du film qui est universel, à l’instar des sentiments exprimés par Etgar. Planter un décor existant, c’est s’obliger à tenir compte de ses spécificités économiques ou politiques, et je pense que cela aurait encombré le récit de trop de ramifications. C’est l’histoire de psychologies individuelles, c’est aussi une fable qui ne doit pas souffrir de frontières géographiques. En cela, on rejoint l’essence de ce qu’est pour moi l’animation : lâcher la bride à l’imagination. »
- : « L’une des histoires les plus audacieuses, visuellement et psychologiquement, est celle du rapport passionnel que Lenny entretient avec un top model… »
Tatia Rosenthal : « Tout était déjà dans la nouvelle d’Etgar : la fusion amoureuse, sexuelle, jusqu’à son accomplissement le plus fou. Le risque était donc calculé. Ma préoccupation principale était de ne pas dénaturer cette histoire à l’écran, car on est sur le fil du rasoir, entre grotesque et beauté. Ensuite, comme dans tout film d’animation, c’est un travail d’équipe, une rencontre de sensibilité avec les responsables des décors et des figurines, notamment sur le langage corporel… »
- : « Tout au long du film, la Sunshine Coast est évoquée comme un Eden. A quoi ressemblerait la vôtre ? »
Tatia Rosenthal : « A New York, encore et toujours. C’est dans cette ville que mes rêves se sont accomplis. Lorsque j’y suis arrivée il y a 15 ans, je m’y suis sentie bien immédiatement, instinctivement, parce que c’était pour moi une ville de liberté, de créativité et de tous les possibles. Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé avec la crise, les mentalités aussi, mais c’est toujours mon chez-moi. »

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Fiche technique
Réalisatrice : Tatia Rosenthal
Scénaristes : Tatia Rosenthal et Etgar Keret
Adapté de : nouvelles d’Etgar Keret
Directeurs de la photographie : Susan Stitt, James Lewis et Richard Bradhaw
Chef décoratrice : Melinda Doring
Créatrice des costumes : Caroline Sherman
Son : Chen Harpaz
Casting : Nikki Barrett
Musique : Christopher Bowen
Producteurs : Emile Sherman et Amir Harel
Producteurs délégués : Mati Broudo et Hebi Bezalel
Producteur exécutif : Richard Clendinnen
Une production : Sherman Pictures / Lama Films
Avec la participation de : Screen Autralia, Israel Film Fund, The New South Wales Film And Television Office, Crossfields Yes, Keshet
Ventes Internationales : Fortissimo Films
© Crédit Photos : Droits Réservés
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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de
remerciements à Sonia Rastello et Pierre-Benoît Cherer
remerciements à Sonia Rastello et Pierre-Benoît Cherer
logos, textes & photos © www.memento-films.com