* Katyn

Katyn drame de Andrzej Wajda



avec :
Maja Ostaszewska, Artur Zmijewski, Jan Englert, Danuta Stenka, Andrzej Chyra, Magdalena Cielecka, Agnieszka Glinska, Pawel Malaszynski, Maya Komorowska, Wladyslaw Kowalski, Sergei Garmash, Antoni Pawlicki et Agnieszka Kawiorska
durée : 2h
sortie le 1er avril 2009

à partir du mercredi 22 avril au cinéma
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Synopsis
Katyn est avant tout un film sur la lutte incessante pour la mémoire et la vérité. C’est aussi un règlement de compte sans compromis avec le mensonge qui a forcé la Pologne populaire à oublier ses héros.
Anna, la femme d’un capitaine d’un régiment des Uhlans, attend le retour de son mari. Elle ne peut se résoudre à l’idée qu’il ait été assassiné par les Russes. En avril 1943, l’épouse d’un général apprend la mort de son mari quand les Allemands découvrent l’existence de charniers dans la forêt de Katyn contenant des milliers d’officiers polonais.
Silence et mensonges brisent le coeur d’Agnieszka, la soeur d’un pilote qui a connu le même sort.
Quel sens les mots Patrie et Liberté ont-ils dans un Etat polonais d’après-guerre tombé sous la dépendance de l’Union Soviétique ?

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Contexte
En septembre 1939, la Pologne est envahie par les armées allemande et soviétique.
Pris en tenailles par les forces germano-soviétiques et surpris par l’agression inattendue de Moscou, des officiers et soldats polonais sont faits prisonniers de guerre par l’armée rouge qui va les remettre au NKVD, la police politique soviétique. C’est ainsi qu’au printemps 1940, sur ordre de Staline, 25700 officiers et résistants civils polonais appartenant à l’élite du pays sont assassinés à Katyn, Kharkov et Tver (à l’époque Kalinine). De 1939 à 1941, 1,6 million de civils polonais, dont les familles des officiers supprimés, sont voués à la déportation et souvent à la mort en URSS.
Les Soviétiques imputèrent le massacre de Katyn aux Allemands et le régime communiste polonais d’après-guerre entérina cette version. Cependant les Polonais n’abandonnèrent jamais les recherches, persuadés à juste titre qu’il s’agissait d’un crime soviétique.
En 1990, Mikhail Gorbatchev reconnaîtra officiellement que ces Polonais ont été assassinés sur ordre de Staline, par le NKVD, police secrète soviétique. En 1992, Boris Eltsine livrera à Varsovie l’ordre écrit officiel de Staline de commettre ce massacre.
Le père d’Andrzej Wajda est mort à Katyn.

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Note d’intention d’Andrzej Wajda
Andrzej Wajda : « Le but d’un film sur Katyn n’est pas de faire toute la vérité sur ce qui s’est passé puisque cet épisode est désormais un fait historique et politique reconnu, mais plutôt de relater la destinée tragique de ceux qui l’ont vécu.
Katyn montre la vérité dans ce qu’elle a de plus brutal et dont les protagonistes ne sont pas seulement les officiers assassinés mais aussi les femmes qui les attendent, jour après jour, heure après heure, dans un doute atroce. Loyales et inébranlables, persuadées qu’elles verront revenir leurs hommes.
Depuis la découverte des charniers par les Allemands en 1943, puis les recherches faites par les Polonais notamment dans les années 90, et malgré l’ouverture partielle des archives, nous en savons encore trop peu sur les crimes qui ont été commis à Katyn en avril et mai 1940 sur ordre de Staline et du Politburo.
Pendant des années, nous étions convaincus que notre père reviendrait. Le nom de Wajda figurait bien sur la liste de Katyn, mais il s’agissait d’un certain Karol.
Presque jusqu’à la fin de sa vie, ma mère a cru que son mari, mon père Jakub Wajda, combattant de la Grande Guerre, de la guerre polono-bolchévique, des insurrections de Silésie et de la campagne de septembre 1939, récipiendaire de la Croix d’Argent et de l’Ordre de Virtuti Militari (la plus haute décoration militaire polonaise) décerné à titre posthume, allait revenir.
Cependant, je ne souhaite pas que mon film soit la recherche d’une simple vérité personnelle ou un cierge allumé sur la tombe du capitaine Jakub Wajda. Je veux qu’il soit le récit du drame et des souffrances subis par de multiples familles, victimes de Staline et du silence qu’il parvint à imposer à ses alliés d’alors : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Je sais que la jeune génération se détourne volontairement du passé. Accaparée par les problèmes courants, elle oublie les noms et les dates. Mais, qu’on le veuille ou non, c’est l’histoire de notre patrie, dont les doutes et les peurs peuvent ressurgir à tout moment et être utilisés à chaque opportunité politique.
Il n’y a pas très longtemps, à la télévision, un lycéen interrogé sur ce qu’évoquait pour lui le 17 septembre 1939 (date d’entrée de l’armée soviétique en Pologne), a répondu : un jour férié. Peut-être que, grâce à ce film, quand on questionnera le jeune homme à propos de Katyn, il pourra dire un peu plus que c’est le nom d’une petite ville près de Smolensk. »

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L’histoire de Katyn
Forte du pacte conclu entre l’Allemagne et l’URSS (Pacte germano-soviétique ou Pacte Ribbentrop-Molotov), l’armée rouge franchit la frontière Est de la Pologne le 17 septembre 1939.
Fin Septembre 1939, toutes les provinces de l’Est sont sous occupation soviétique et 230 000 militaires polonais (dont 8 500 officiers de l’armée et 6 200 officiers et fonctionnaires de police, de garde-frontières et de renseignements) sont faits prisonniers. Parmi ces prisonniers de guerre, on compte des officiers de tous grades, une douzaine de généraux et une majorité d’officiers de réserve issus de l’intelligentsia polonaise, ainsi que de nombreux aumôniers de différentes confessions. La plupart des aumôniers sont retirés des camps et assassinés à Noël 1939. À la fin du mois d’octobre, tous les officiers sont en détention dans les camps de Kozielsk, Starobielsk et Ostashkov. Le 5 mars 1940, en accord avec la motion adoptée par Lavrenti Beria, le Politburo du Parti Communiste Soviétique prend la décision d’assassiner 14 700 officiers prisonniers, ainsi que 11 000 membres de la Résistance polonaise anti-nazie retenus dans les prisons d’Ukraine et de Biélorussie occidentales, faisant alors partie de l’Etat polonais occupé par l’URSS. Joseph Staline signe l’ordre d’exécution et les prisonniers de guerre polonais sont massacrés au printemps 1940 dans les centres du NKVD (Commissariat du Peuple aux Affaires Intérieures) dans les forêts de Katyn, Tver et Kharkov.
L’armée allemande, avançant vers l’Est, découvre les charniers de Katyn en avril 1943. Mises en causes, les autorités soviétiques nient la responsabilité des crimes et prétendent que ceux-ci ont été commis par les Allemands en 1941, ce que démentira le procès de Nuremberg en 1946.
Durant toute l’ère de la République Populaire de Pologne (jusqu’en 1989), la vérité des massacres de Katyn a été délibérément falsifiée. Le sujet même était classé secret et les défenseurs de la vérité furent persécutés. Les familles des disparus n’étaient même pas autorisées à allumer des cierges sur les tombes symboliques de leurs proches. Tout changera radicalement après la naissance de SOLIDARNOSC (Fédération des syndicats polonais fondée par Lech Walesa en 1980). À partir de novembre 1981, de nombreux cierges furent régulièrement allumés au cimetière militaire de Powazki à Varsovie, devant une simple croix en bois portant l’inscription Katyn 1940. Maintes fois les autorités communistes enlevèrent la croix, en vain.
La vérité sur les massacres de Katyn voit progressivement le jour de façon publique entre 1981 et 1989. En 1990, les autorités soviétiques ont admis pour la première fois que des crimes avaient été commis par le NKVD. Deux années plus tard, Eltsine reconnut publiquement que ceux-ci avaient eu lieu sur ordre officiel de Staline. Depuis lors, la vérité, déjà connue quoique occultée s’est étoffée par des révélations officielles sur ce qui s’est passé au printemps 1940, dans la forêt de Katyn et dans les chambres de torture du NKVD à Smolensk, Tver et Kharkov et ailleurs en URSS. Des cimetières existent désormais pour les officiers polonais, mais de nombreux faits restent inconnus à ce jour et de nombreuses tombes de prisonniers de guerre polonais restent recouvertes par la végétation en territoire soviétique.
[texte rédigé par Alexandra Viatteau]

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Fiche technique
Réalisation : Andrzej Wajda
Scénario : Andrzej Wajda, Wladyslaw Pasikowski et Przemyslaw Nowarkowski
D’après le roman de : Andrzej Mularczyk Postmortem
Image : Pawel Edelman
Musique : Krzysztof Penderecki
Producteur exécutif : Katarzyna Fukacz-Cebula
Décors : Kamil Przelecki
Costumes : Magdalena Bierdrzycka et Andrzej Szenajh
Son : Jacek Hamela, Lesler Freund et Marek Wronko
Casting : Ewa Brodzka
Producteur : Michal Kwiecinsky
Production : Akson Studio, Telewizja Polska, Telekomunikacja Polska
Avec le soutien de : l’Institut Polonais du cinéma
Distributeurs : Kanibal Films Distribution et Kinovista
Attachés de presse : Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin et Matthieu Rey
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Yann Vidal, Charles-Evrard Tchekhoff et Gilles de Brossard
logos & textes © www.kanibal.eu & www.kinovista.fr
photos © Fabryka Obrazy
photos © Fabryka Obrazy