* Far north

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Far north drame de Asif Kapadia











 


à partir du mercredi 22 avril au cinéma



avec :
Michelle Yeoh, Michelle Krusiec, Sean Bean, Per Egil Aske, Jan Olav Dahl, Espen Prestbakmø, Håkan Niva, Gary Pillai, Bjarne Østerud, Tommy Siikavuopio, Mark van de Weg, Sven Henriksen et Neeru Agarwal


durée : 1h29
sortie le 18 mars 2009

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Synopsis
Saiva, une femme courageuse, et Anja, sa fille adoptive, vivent dans des terres isolées de toute civilisation où elles estiment être en sécurité.
Saiva est la seule survivante du massacre d’une tribu d’indigènes éleveurs de rennes, par une troupe de soldats pacificateurs.
Saiva et Anja luttent pour survivre, se nourrissant des rares proies qu’elles parviennent à attraper. Un jour, en plein milieu de cette beauté rude et désolée, un homme à bout de forces apparaît à l’horizon. Malgré sa peur et ses doutes, Saiva recueille cet homme. C’est Loki, un déserteur. Loki se remet doucement, entre ces deux femmes, alors que la neige annonce déjà un hiver long et sombre. Mais, très vite, Saiva et Anja commencent à se disputer ses faveurs…


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Notes du réalisateur Asif Kapadia
Asif Kapadia : « Mon co-scénariste Tim et moi avions évoqué de nombreux projets après The warrior mais il nous aura fallu beaucoup de temps pour trouver la bonne histoire. Lorsque j’ai découvert la nouvelle True North, écrite par Sara Maitland, j’ai éprouvé une grande excitation. Un sentiment que je n’avais pas éprouvé depuis le jour où Tim m’avait présenté le conte à l’origine de The warrior.
Il y avait quelque chose de vraiment excitant à l’idée de filmer ce conte hors du temps, au beau milieu de l’Arctique: un vrai contraste avec le désert indien brûlant de mon premier film. Tim et moi adorons les légendes et contes traditionnels, et cette histoire dégageait quelque chose de cet ordre là, un sentiment étrange… Et ce, bien que le parcours des personnages principaux soit ici complexe et sombre. Dans notre version, l’histoire de Saiva ne se termine pas par sa propre rédemption, mais par un passage à l’acte terrifiant, qui obéit au sort qu’un shaman lui avait fait subir à sa naissance.
Dans la nouvelle, j’étais intéressé par l’ambiguïté de la relation entre ces deux femmes; je ne savais jamais si elles étaient mère et fille, soeurs, cousines ou même amantes. Ce n’était pas clair. Elles
survivaient ensemble, elles avaient besoin l’une de l’autre pour rester en vie, et si l’une partait, l’autre mourrait probablement. Dans la nouvelle, elles n’avaient même pas de nom. Ça n’était pas nécessaire puisqu’elles ne se parlaient quasiment jamais. Tout à coup, tout change avec l’arrivée de cet homme dans leur vie. Elles entrent en compétition vis-à-vis de lui et s’éloignent l’une de l’autre.
C’était important pour moi de travailler de nouveau avec l’équipe de
The warrior. Certains membres clés de cette équipe travaillaient déjà avec moi sur mes tout premiers court-métrages, lorsque j’étais étudiant. Sur ce projet une fois de plus, Bertrand Faivre produisait, Tim et moi avions co-écrit le film, Roman Osin était le chef-opérateur, Andy Shelley était l’ingénieur et le monteur son, Ewa J. Lind, la monteuse, et Dario Marianelli le compositeur. Je travaillais avec mes amis, ma famille de cinéma.
Je suis rentré dans ce projet en pensant que ce serait un film simple, à petit budget. Nous avions l’essence de l’histoire, le début, le milieu et cette fin incroyable. Nous n’avions que trois personnages et tout se passait au même endroit, ou presque, les décors consistant en une tente isolée au milieu de nulle part. Ça pouvait être tourné n’importe où. L’histoire se passait principalement en intérieur et nous avions très peu de dialogues. Après avoir passé tant de temps à chercher notre projet, nous avions notre histoire, tout était là, notre première adaptation. Je pensais sincèrement que ce serait simple. Que pouvait-il arriver ?
Je pensais que nous pourrions tout écrire rapidement, faire le casting, financer et tourner le film sans perdre trop de temps en développement et en discussions. Ainsi, Tim et moi pouvions nous mettre rapidement à travailler sur le film suivant, peut-être quelque chose de plus grand, de plus complexe… J’étais loin d’imaginer que nous mettrions plus de quatre ans à monter
Far north !
Nous avons tourné dans l’un des campements les plus au nord de la planète. C’était incroyable. Il nous fallait une protection armée pour tous nos déplacements – dans les cas où nous aurions croisé un ours polaire affamé – et l’équipe séjournait sur un brise-glace russe, qui nous conduisait la nuit d’un décor à un autre. Parfois, les températures tombaient à – 40 °C… Au final, ce film s’est révélé le plus difficile, et le plus complexe logistiquement, de tout ce que j’avais pu faire jusque-là. Et maintenant que je suis de retour à Londres, je repense à tout ça, à cet Arctique qui m’a tant inspiré… Et pourtant je commence aujourd’hui seulement à retrouver la sensation de mes doigts, qui avaient totalement gelé à l’époque !
»


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Journal de bord de la production - développement
A la recherche d’une histoire – Tim Miller, co-scénariste
Tim Miller : « Après avoir travaillé ensemble sur The warrior, Asif et moi cherchions un autre conte pour notre seconde collaboration. Nous sommes tous deux attirés par le lointain, par les vastes paysages hors du temps. Je me suis enfermé dans la librairie d’ethnologie du British Museum pour lire des contes traditionnels des quatre coins du monde. Mais c’est par un tout autre biais que l’histoire est venue à nous. Un soir, j’attendais Asif au National Film Theatre pour aller voir Ugetsu de Mizoguchi. J’étais en avance et suis sorti jeter un oeil aux rayons d’une librairie d’occasion sur les quais. En parcourant les tranches de ces vieux livres, j’ai repéré un nom que je connaissais et acheté un exemplaire en lambeaux d’un recueil de nouvelles de Sara Maitland. Très loin au nord, dans le cercle polaire, le pays des nuits interminables, vivaient deux femmes. J’ai aussitôt accroché à l’une de ces nouvelles et l’ai lue jusqu’à la fin en l’espace de quelques minutes. Je me suis dépêché de rejoindre Asif. Nous avions trouvé notre histoire. »

L’idée originale – la nouvelle Far north – Asif Kapadia – Hiver 2002
Asif Kapadia : « A la lecture de cette nouvelle, j’étais ébloui. J’adorais la configuration, les paysages, la pureté et la simplicité pourtant dynamique de la situation, je trouvais chaque personnage intéressant et j’étais totalement stupéfait par cette fin brutale. Je savais que nous avions quelque chose. Nous nous sommes empressés d’acquérir les droits, de travailler l’histoire avant de montrer ce que nous avions à Bertrand Faivre, notre producteur. »

La rencontre avec Sara Maitland – Asif Kapadia
Asif Kapadia : « Je rencontrais Sara Maitland quelques mois plus tard à la galerie d’art Whitechapel. Nous avons eu une discussion intéressante puis elle m’a demandé comment j’en étais venu à m’intéresser à cette histoire, si j’avais entendu parler d’elle et de sa nouvelle sur internet. Je n’ai pas compris ce qu’elle entendait par là. Elle m’a dit ensuite qu’un autre réalisateur l’avait contactée précédemment au sujet de cette nouvelle: Stanley Kubrick. Il en avait adoré la simplicité. Il avait ensuite demandé à Sara de lui écrire Artificial intelligence : A. I. J’avais adoré ce récit et immédiatement pensé qu’il recelait un concept brillant, au potentiel cinématographique évident... mais apprendre que Kubrick l’avait aimé ! Peut-être avions-nous là quelque chose de vraiment spécial. »


L’écriture du scénario – Tim Miller
Tim Miller : « La pile des différentes versions du scénario est impressionnante. La phase d’écriture a été très longue, contrairement à celle de The warrior, pour laquelle un premier traitement était né en quelques semaines et la première version du scénario aussitôt après.
Nous avions beaucoup de questions sans réponse. De quelle nature était la relation entre ces deux femmes? Comment étaient-elles arrivées là ? Qui était cet homme? A quelle époque vivaient-elles : de nos jours… ou hors du temps ? Dans un monde imaginaire ou réel ? Et surtout, quelles étaient les raisons qui expliquaient le terrible geste de la femme plus âgée à la fin de l’histoire ? Elle était le personnage principal, le film devait être son histoire à elle, mais comment les spectateurs pouvaient-ils comprendre ou accepter un personnage capable d’une telle chose ?
Asif était fasciné par la beauté des paysages désertiques de l’Arctique, et ceux-ci sont très vite devenus un personnage du film à part entière. Nous avons décidé que l’histoire se passerait de nos jours, sans forcément être contemporaine – des armes et des radios à remonter mais pas de chasse-neige ni de moyens de communication modernes. La solitude demeurait totale et les manières traditionnelles de chasser et de se nourrir restaient de rigueur.
Après des recherches faites sur les manières de vivre des Samis et des Inuits, nous avons commencé à préciser l’histoire de la femme, Saiva. Son début de vie tragique, le massacre de sa tribu par des envahisseurs, le passage où elle sauve la jeune enfant et sa revanche envers les assaillants. Dès le départ, c’était un personnage fort et la première version du scénario, au rythme enlevé, était excitante. Mais alors ensuite ?
La version originale décrivait le Shaman. J’avais vu la silhouette fascinante d’un shaman Inuit au musée d’ethnologie de St Petersbourg, le visage caché par ses longs cheveux sortant de sa capuche, la cape alourdie d’os et de plumes, tenant à la main le traditionnel tambourin qui prophétisait un désastre, une guerre…
Nous nous sommes vite mis d’accord sur le fait que Saiva, pendant son enfance, aurait été rejetée de son clan après qu’un shaman lui ait infligé de faire subir les pires malédictions à toute personne qu’elle chérirait. C’était son destin.
Nous avons perdu des semaines à travailler sur une histoire de la vie de l’homme, pour finalement le faire apparaître, lui, tout simplement, en donnant petit à petit à comprendre son histoire sans qu’elle prenne nécessairement part à l’intrigue. Je l’ai appelé Loki, du nom du Dieu du Mal qui inflige une malédiction à Valhalla. De la même manière, les séquences concernant les soldats envahisseurs s’acharnant au nettoyage ethnique ont été réduites et simplifiées afin que l’on reste concentré sur nos trois personnages. Le drame était là, entre eux.
La relation entre les deux femmes nous a également demandé beaucoup de travail. A l’origine, elles sont tout l’une pour l’autre, même si bien avant l’arrivée de l’homme, on comprend déjà qu’Anja se plaint de leur vie faite de solitude et des peurs récurrentes de Saiva. Nous avons décidé de nous concentrer sur l’évolution de leur relation, et ceci jusqu’à la fin.
»

La recherche – Asif Kapadia – Janvier 2003
Asif Kapadia : « J’aime savoir où un film sera tourné afin de pouvoir incorporer des détails réalistes dans le scénario, inspirés du lieu et des gens qui y vivent. Cela veut dire que le look du film est travaillé alors même que nous sommes encore en écriture. Par chance, j’avais reçu au même moment une invitation pour le festival le plus au nord qui soit, à Tromsø en Norvège, pour une projection de The warrior. Je me souviens avoir dit pendant la conférence de presse que j’aimais tellement ces paysages que j’espérais bien y tourner un film un jour. Le public avait ri ; on m’a appris plus tard que tous les réalisateurs qui venaient pour le festival disaient la même chose, sans jamais revenir.
Le festival avait lieu en janvier et Tromsø sortait à peine de sa longue nuit polaire. A vrai dire, je n’y ai pas vu beaucoup de films. Je passais plus de temps dans les musées ou le nez en l’air à guetter l’aurore boréale. Ce que j’ai d’ailleurs finalement eu la chance de voir – pour la première fois de ma vie, une vraie expérience spirituelle – lorsque j’ai pu faire un tour de traîneau avec un Sami. Et, – heureuse coïncidence – mon dernier jour sur place fut le premier où le soleil dépassait la ligne d’horizon après ces deux mois de nuit. J’ai réalisé que j’avais peut-être trouvé l’endroit où se tournerait
Far north.
Nous pouvions tourner dans l’Arctique, tout en vivant dans une ville moderne comme Tromsø, avec un aéroport à proximité, de bons hôtels et des transports. Alors que je me demandais comment j’allais expliquer à mon producteur le choix de la Norvège, l’un des pays les plus chers au monde, le chauffeur du festival m’a parlé d’un autre endroit que je devais voir absolument. Il me parlait d’une île mythique où il n’était jamais allé mais qu’il rêvait de visiter un jour. Il me disait :
Il faut tourner ce film à Svalbard (n.d.l.r. : nom norvégien du Spitzbergen). J’ai visité le Musée Arctique de Tromsø pour en savoir plus sur cet endroit et j’ai été immédiatement stupéfait par ces images, ces icebergs, ces glaciers, ces ours polaires et ces morses. Un endroit où brille pendant trois mois d’été le soleil de minuit, et où il fait nuit noire pendant les trois mois d’hiver quand les fjords se mettent à geler. Un paysage d’une grande intensité, à couper le souffle. Très peu de gens s’y étaient aventurés jusqu’alors, encore moins pour y tourner un film. J’en étais convaincu: c’était là que nous devions tourner Far north. J’avais déjà entraîné mon producteur au fin fond du Rajasthan et dans l’Himalaya pour The warrior, je le savais assez intrépide pour me suivre dans mon idée de tourner ce film au Spitzbergen.
Je suis rentré à Londres et ai continué d’écrire avec Tim. Je voyais enfin le film commencer à exister.
»


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Fiche technique
Réalisateur : Asif Kapadia
Producteur : Bertrand Faivre
D’après la nouvelle : True North de Sara Maitland
Musique : Dario Marianelli
Directeur de la photographie : Roman Osin Bsc
Montage : Ewa J Lind
Costumes et décors : Ben Scott
Maquillage et coiffure : Kirstin Chalmers
Son : Andy Shelley et Stephen Griffiths
Casting : Avy Kaufman
Régie générale : Jason Roberts
Producteur : Bertrand Faivre
Directrice de production : Gina Marsh
Productrice associée : Emma Murphy
Coproducteurs : Petter Borgli et Vincent Gadelle
Producteurs éxécutifs : Tessa Ross, Christophe Vidal, Hengameh Panahi, Duncan Reid et Peter Touche
Attachés de presse : Laurence Granec et Karine Ménard
Distributeur : Le Petit Bureau

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Alexa Gutowski et Marie Le Seach

logos, textes & photos © www.lebureaufilms.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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