* Coco

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Coco comédie de Gad Elmaleh


















avec :
Gad Elmaleh, Pascale Arbillot, Jean Benguigui, Manu Payet, Ary Abittan, Daniel Cohen, Noémie Lvovsky, Gladys Cohen, Nicolas Jouxtel, Léane Grimaud, Gérard Depardieu, Enrico Macias et Jacques Spiesser


durée : 1h35
sortie le 18 mars 2009

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Synopsis
Coco, 40 ans, self made man, est l'exemple parfait de la réussite sociale. Parti de rien, immigré, il a réalisé en 15 ans une des plus fulgurantes success story des temps modernes grâce à son invention de l'eau frétillante.Mais pour Coco, la plus grande consécration est à venir : la bar-mitsva de son fils Samuel qui aura lieu dans six mois. Il invite tout le monde à l'évènement national de l'année et promet du jamais vu, de l'époustouflant, du Coco !
Trop obsédé par la perspective d'en mettre plein la vue au monde entier pour sa fête, Coco agit avec démesure et frôle la folie sans voir que sa femme, son fils, sa mère et tous ses proches se désolidarisent peu à peu. Cet évènement va devenir pour lui un instant de vérité sur son rôle de père.


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Gad Elmaleh réalisateur et interprète
- : « Comme Chouchou, Coco est un personnage d’un de vos spectacles (“La vie normale”). Est-ce le désir de le prolonger au cinéma qui vous a poussé derrière la caméra ou est-ce parce que vous aviez envie de passer à la mise en scène que vous avez cherché le personnage qui s’y prêtait le mieux ? »

Gad Elmaleh : « Les deux en même temps. L’idée n’était pas de devenir metteur en scène à tout prix, mais d’essayer d’atteindre au cinéma le plaisir que j’ai sur scène et que je ne retrouve que très rarement sur un plateau. Ma question c’était : “Comment accompagner jusqu’au bout une idée, un personnage, dans un film sans que, à la fin, ce soit frustrant ? ” Si jusque là j’ai trouvé ça frustrant, c’est que c’était un univers, une musique, des dialogues qui n’étaient pas les miens et qui étaient mis en scène par quelqu’un d’autre. Ça ne met pas en cause bien sûr la qualité de ces metteurs en scène, car j’ai travaillé avec de grands réalisateurs, dont j’ai d’ailleurs suivi les enseignements, mais lorsqu’on est son propre auteur, on se retrouve toujours un peu en décalage dans un autre univers, avec une autre musique. En plus, j’avais du mal à juste me satisfaire d’arriver sur le plateau, de me faire maquiller, de mettre un costume, de jouer et puis, une fois la journée terminée, de rentrer chez moi. J’ai vraiment besoin d’être à l’origine des choses, ça me correspond davantage. J’avais envie d’aller au bout d’un projet de cinéma qui ne serait peut-être pas mieux que les autres mais qui serait moi, qui me ressemblerait complétement. Des situations aux dialogues, des décors à la lumière, etc. »

- : « Ces questions, vous les étiez-vous déjà posées au moment de CHOUCHOU ? »

Gad Elmaleh : « Oui. Je n’avais simplement pas eu le courage de sauter le pas. Et puis, il y avait Merzak Allouache avec qui j’ai une grande complicité. Je savais qu’il allait bien m’accompagner dans ce projet. Je crois que je n’osais pas me lancer dans la réalisation. Je pensais que c’était trop. En fait, je me trompais : c’est beaucoup trop ! Je pensais que c’était un gros boulot, et en fait c’est un IMMENSE boulot de réaliser et de jouer dans un film, mais ça me plait énormément. J’y ai pris un immense plaisir. Le fait d’échanger avec les techniciens, avec les autres acteurs, de faire les repérages, de décider à l’avance où est-ce que je vais tourner ma scène, ne pas découvrir le décor le jour même, c’est vraiment excitant ! Une fois que dans ma tête, j’ai été prêt à franchir le pas, c’est Coco qui s’est imposé. Parce que c’est celui de mes personnages qui est le plus jubilatoire, le plus truculent, celui dans lequel je peux mettre le plus de choses qui correspondent à ce que je fais sur scène dans la gestuelle, dans l’exubérance. Sur scène, la gestuelle, le langage du corps sont entièrement légitimes. Pour moi, c’est même indissociable. Au cinéma, il faut que ce soit justifié. Soit on est dans un film muet, soit on est dans une situation totalement burlesque, soit le personnage le demande, et Coco, il le demande ! Il demande cette exubérance, elle est même son fondement. En plus, c’est un vrai plaisir de retrouver un personnage qu’on a déjà beaucoup joué, qu’on a dans les pattes… Sans compter que c’est quand même plus facile ! »

- : « Comment présenteriez-vous Coco à quelqu’un qui n’aurait pas vu vos spectacles ? »

Gad Elmaleh : « C’est une sorte de mégalo. Quelqu’un qui est parti de rien, qui a très bien réussi, et qui n’en revient tout simplement pas. Comme beaucoup de nouveaux riches. Et j’en suis un ! Je l’assume complétement parce que dans “nouveau riche », il y a “ancien pauvre » dont on parle plus rarement… Je vous avouerai d’ailleurs qu’il y a dans tout ça, dans ce personnage et dans ceux qui l’entourent, un peu d’autobiographie bien sûr exagérée, distordue pour que ce soit drôle… Coco, donc, a réussi, il a du succès, il a gagné beaucoup d’argent. Il en est tellement content que non seulement il en profite au maximum mais surtout il ne peut pas s’empêcher de le montrer. En un sens, c’est rassurant, car ça en fait quelqu’un d’humain. Ce n’est pas du tout une caricature. Je connais des hommes bien plus exubérants que Coco, des Juifs sépharades si flamboyants qu’ils peuvent parfois en devenir… fatiguants ! Coco existe, il est au Maroc, à Casablanca. Je m’étais inspiré de lui pour créer ce personnage. D’ailleurs, il est même venu sur le tournage… Je peux vous assurer qu’il est au moins aussi exubérant sinon plus que mon Coco ! »

- : « Vous vouliez que ce soit votre univers, votre musique, pourquoi alors avez-vous ressenti le besoin d’écrire avec quelqu’un ? »

Gad Elmaleh : « Parce que je n’ai pas une grande expérience dans l’écriture de cinéma, dans la structure, dans l’histoire - ce sont même mes petits points faibles. J’avais besoin de quelqu’un qui a la notion d’une arche narrative, des “règles » d’un scénario. Moi, je suis plus à l’aise dans les répliques, dans les gags, dans les dialogues, dans les idées de scènes comiques. Parfois, j’ai juste une idée mais je ne sais pas forcément où elle sera la mieux placée, où elle trouvera tout son sens. Caroline (Thivel), elle, pouvait m’apporter ça. Et d’écrire avec elle, me rassurait, me donnait confiance… »

- : « Et pourquoi Caroline Thivel, précisément ? »

Gad Elmaleh : « Je l’ai rencontrée il y a longtemps. Elle a écrit le tout premier film que j’ai fait comme acteur : SALUT COUSIN de Merzak Allouache qui est un film très important pour moi, un film que j’aime beaucoup. J’aime bien les histoires qui font des boucles. D’abord parce que je suis superstitieux, et ensuite parce que j’y trouve un sens, une forme d’harmonie. On a écrit pendant un an et demi et c’était super. Sans entrer dans le cliché “parce que c’est une femme », même s’il y a forcément de ça, elle m’a beaucoup aidé pour les personnages féminins sur lesquels ma vision était sans doute plus shématique. Cela a permis notamment par ricochet de renforcer l’humanité de Coco. Elle m’a aussi évité certaines complaisances. Sur scène, on peut se permettre des choses qui ne sont que comiques, des effets immédiats, ponctuels, voire gratuits. Au cinéma, s’ils n’ont pas leur place dans un développement, dans une progression, dans une structure, ça ne marche pas. Elle m’a beaucoup aidé là-dessus. Et aussi… pour taper le texte à l’ordinateur ! (Rires) »

- : « Qu’est-ce qui était le plus dur dans l’écriture ? »

Gad Elmaleh : « Le plus dur, en fait, c’est d’arriver à garder confiance dans les effets comiques qu’on a trouvés. Lorsqu’on les écrit la première fois, on est sûr de leur effet mais six mois après, quand on les relit ou retravaille pour la dixième fois, on se demande si ça va fonctionner, parce que, nous, ils ont du mal à nous faire rire encore. Le plus dur, c’était donc de garder la fraicheur tout en retravaillant le scénario. Mais lorsqu’on le faisait lire à quelqu’un qui nous disait qu’il avait ri à tel ou tel moment, alors, ça nous redonnait énergie et confiance… »


- : « Avez-vous écrit les personnages qui entourent Coco en pensant à des acteurs précis ou est-ce après l’écriture que vous avez travaillé sur le casting ? »

Gad Elmaleh : « Les personnages les plus importants, on les a écrits pour des acteurs précis. Le rôle d’Agathe, ma femme, par exemple, je l’ai écrit pour Pascale Arbillot. Je la voulais absolument. Je l’avais vue au théâtre et elle m’avait marqué. Elle a le tempérament de la comédie, le rythme de la comédie. Elle est l’image d’Épinal dont rêve absolument le sépharade, le type d’Afrique du Nord : la blonde, belle, bien élevée, très française, qui éduque bien les enfants, qui s’occupe bien de la maison, mais qui en même temps comprend le délire pied noir et est prête à entrer dedans… Le rôle de Steve Elbaz, je l’ai écrit dès le départ pour Manu Payet. Je l’avais découvert lorsqu’il était sur NRJ et sur Comédie ! et je l’ai tout de suite aimé. Il a d’ailleurs fait la première partie de certains de mes spectacles. C’est quelqu’un avec qui, dans la vie, sur l’humour, je suis très complice, avec qui j’aime beaucoup improviser. On est tous les deux dans l’observation. Manu, c’est une véritable éponge. Il passe une soirée avec des Chinois, et il devient Chinois ! À force de trainer avec les Feujs, il a compris un truc de cette communauté que peu de gens extérieurs captent, une petite subtilité non pas dans l’accent mais dans le comportement, dans la tournure d’esprit. En plus, ça m’amusait de donner un rôle de Feuj à un type qui, dans la vie, a une croix autour du cou. C’est de la discrimination positive intéressante ! Nous, les immigrés, on dit toujours : “Vous ne nous donnez jamais des rôles de Français », maintenant, aux Français d’avoir des rôles d’immigrés ! »

- : « Justement, dans le même ordre d’esprit, chez Coco, on porte des mains de Fatma autour du cou plutôt que des étoiles de David… »

Gad Elmaleh : « Oui parce que ce que j’aime beaucoup dans la main de Fatma, c’est que c’est un symbole commun aux deux communautés. C’est un symbole de chance, ça éloigne le mauvais oeil, et c’est un symbole de paix. C’était aussi histoire de montrer qu’on n’est pas dans le religieux, mais dans la tradition, dans le culturel… »

- : « Vous disiez que vous aimiez improviser avec Manu Payet. Y a-t-il dans le film beaucoup de scènes entre vous qui ont été improvisées ? »

Gad Elmaleh : « Beaucoup. L’ambiance, le coeur de la scène était écrit mais au tournage, on se permettait plein de variations. La scène où il coache ses animateurs par exemple est une pure invention de sa part ! »

- : « Et les autres acteurs comment et pourquoi les avez-vous choisis ? »

Gad Elmaleh : « Celui qui joue Max, Ary Abittan, c’est un acteur super doué, avec une gueule intéressante. Il avait écrit un spectacle que j’avais vu, et il était idéal pour jouer ce supporter fan absolu de Coco. Gladys Cohen qui joue la mère de Coco, je l’avais rencontrée pour LA VÉRITÉ SI JE MENS. Je savais qu’elle allait pouvoir apporter de l’émotion, avec parfois un peu de gravité, et aussi qu’elle pourrait être très drôle dans ces situations où la mère fait gaffe sur gaffe en toute innocence ou transforme à sa manière les expressions courantes ! Ma mère n’est pas vraiment comme ça, mais il y a quand même quelque chose… En revanche, ma soeur ne ressemble pas à la soeur envahissante de Coco que joue Noémie Lvovsky… Noémie porte en elle l’urgence dans le jeu. Elle peut mêler le loufoque et la gravité avec une grande sincérité. Jean Benguigui, c’est un grand acteur. Je le vois toujours comme un méchant sorti d’une bande dessinée. Même dans la vie, c’est un mec qui peut dégager une espèce de dureté qu’il va rompre tout de suite avec une bonne vanne. Ça m’amusait, et lui aussi, de jouer avec ça, de le pousser à l’extrême, en lui confiant le rôle de Zerbib, l’ennemi juré de Coco. Daniel Cohen, qui est aussi réalisateur (LES DEUX MONDES), je trouvais que c’était un Mimo idéal. Il dégage une belle humanité et je savais qu’il pouvait être super touchant dans le rôle de son chauffeur. Il est très fort dans l’invention de petits détails comme lors de la scène avec le chien qui se couche sur sa veste… C’était un vrai plaisir de choisir tous les acteurs, jusqu’à Fariza Kraria qui joue Madame Zamzem la voisine. J’avais vu il y a cinq ans un court métrage dans la sélection des Césars qui s’appelait DE L’AUTRE CÔTÉ (de Nassim Amaouche) et j’avais retenu son visage. On l’a cherchée partout, elle a été dure à retrouver, mais j’y tenais. Après, bien sûr, on a fait du casting. Le plus dur, comme toujours, a été de trouver les enfants… Il faut qu’ils aient du charme, qu’ils soient naturels, qu’ils jouent bien, c’est compliqué. J’en ai vu beaucoup avant de me décider. La petite fille Léane Grimaud, elle m’a fait craquer complet ! Et le petit garçon Nicolas Jouxtel a vraiment été impeccable… »

- : « L’idée d’en faire un fou de patinage artistique, elle est venue d’où ? »

Gad Elmaleh : « Je me souviens quand, arrivant du Maroc, je me suis installé au Québec. Tous les garçons faisaient du patinage. Je n’en revenais pas, je me disais “Je ne vais quand même pas me mettre à faire ça !” J’ai essayé, j’étais bien sûr ridicule ! En tout cas, je ressentais ça comme quelque chose qui était très loin de moi. Et c’est encore plus loin de Coco ! En écrivant le personnage du fils, je cherchais ce qu’il pouvait faire qui pouvait le plus énerver Coco et j’ai pensé au patinage artistique ! Déjà parce que ça s’appelle “patinage artistique”, ça n’est donc pas un sport. Il le dit d’ailleurs à sa femme - cette scène-là aussi est totalement improvisée, il n’était pas du tout prévu qu’on parle anglais ! Choisir le patinage artistique était le moyen de faire aller Coco vers ce qui est, au départ, le plus loin de lui, de lui faire comprendre son fils, de lui faire comprendre que son fils s’en fout de la plus belle Bar Mitzvah du monde et qu’il préfère que son père lui donne du temps. C’est quelque chose que j’ai un peu vécu avec mon fils, bien sûr pas de cette manière-là, mais quand même… Parfois, je me dis qu’il a juste envie que je sois avec lui. Il ne rêve pas d’un super hélicoptère télécommandé, d’un restaurant de folie, ou d’une piscine à trois plongeoirs, mais juste que je passe du temps avec lui… C’est comme la mère de Coco, elle s’en fiche de l’appartement immense que son fils lui a acheté, elle préfère son petit chez elle, avec sa voisine… Quand on gagne de l’argent, on veut faire plaisir aux gens qu’on aime sans toujours comprendre que ce n’est pas ce qui nous fait plaisir qui leur fait plaisir… C’est ce que Coco a beaucoup de mal à réaliser. »

- : « Vous ne pourrez pas empêcher face à COCO qu’on évoque LA VÉRITÉ SI JE MENS. Cela vous gène ? »

Gad Elmaleh : « Non, pas du tout. Je crois même que c’est moi qui en ai parlé le premier. Ça me va très bien. Le scénario du 2 était super bien ficelé, le film a fait huit millions d’entrées, ça me va ! Il y a même un copain qui m’a dit : “Ça y est, tu l’as fait le 3 ! ” Je lui ai répondu : “Attends, j’aimerais bien qu’on fasse le 3 quand même !” D’ailleurs, ça pourrait être Coco qui joue dans LA VÉRITÉ SI JE MENS 3 et pas Gad Elmaleh ! »


- : « Pour votre premier film, vous avez eu des moyens qui sont à la mesure…de la démesure de Coco ! Ce “grand spectacle” participe à la fois à la comédie et à la crédibilité de l’histoire… »

Gad Elmaleh : « C’est vrai que la production a été à la hauteur du délire de Coco. Mais pour ça, je dois rendre grâce à Ilan Godman, le producteur, qui, tout de suite, a estimé qu’il fallait, à l’image de Coco lui-même, “y aller” ! Pour être honnête, je n’imaginais pas au départ qu’on allait avoir un budget aussi important. En même temps, au cinéma, on ne peut pas tout à fait croire à Coco si on ne voit pas sa maison, ses voitures, son bateau… C’est un film sur le matériel, c’était donc important de donner une réalité à tout ça. »

- : « Comment Ilan Goldman s’est-il retrouvé à produire COCO ? Qui de vous deux est allé chercher l’autre ? »

Gad Elmaleh : « Il est le premier qui m’a parlé de cinéma. Je me souviens, il était venu me voir au Trévise, dans mon premier spectacle, qui parlait de mon voyage, de l’immigration, du Maroc et du Québec, il m’avait dit qu’il fallait que je fasse un film de mes histoires. Je trouvais à l’époque qu’il délirait complètement ! Le jour où j’ai voulu réaliser mon premier film, j’ai pensé naturellement à lui. Je vous l’ai dit, j’aime bien les boucles… »

- : « Comment avez-vous constitué votre équipe technique ? »

Gad Elmaleh : « C’est un peu un best of de ma filmographie ! Mon équipe est essentiellement constituée de personnes que j’ai rencontrées sur les films que j’ai faits comme acteur. La scripte, l’accessoiriste, le chef machino… Le chef-op’, Gilles Henry, je l’ai rencontré il y a longtemps sur un film d’Éric Assous, LES GENS EN MAILLOT DE BAIN, où on avait vécu un truc humain fort. Un cyclone ! Et puis je l’ai retrouvé sur HORS DE PRIX de Pierre Salvadori. Je lui disais déjà que j’aimerais bien un jour passer à la mise en scène et je commençais à lui poser des questions sur les optiques, sur les axes et les mouvements. C’était une sorte de stage ! Quand j’ai commencé à travailler sur COCO, c’était clair qu’il ferait partie du voyage. »

- : « Vous souvenez-vous de ce que vous lui avez dit pour définir l’image que vous vouliez pour COCO ? »

Gad Elmaleh : « Je lui ai dit que je voulais que ça fasse… américain ! Mais sans la distance qu’a souvent l’image des films américains, à cause des filtres ou des focales qu’ils utilisent. Je voulais qu’on soit comme dans une comédie américaine et surtout que ce soit… Haribo ! Alors Haribo c’est quoi ? C’est jaune bonbon, vert bonbon, rouge bonbon, et ça claque, et ça donne envie ! Tout le monde est entré dans ce délire qui est aussi le délire de Coco. Le chef déco, Jacques Rouxel, je ne le connaissais pas mais parmi ceux que j’ai rencontrés, c’est celui qui m’a le mieux parlé de mon film. Il a compris l’humour que pouvait dégager la déco, les effets comiques qu’elle pouvait apporter. Il s’est amusé, il était même prêt à aller plus loin, c’est moi qui l’ait freiné. C’est lui qui a eu l’idée de l’immense photo de mariés dans la chambre de Coco, et celle du château de princesse dans la chambre de la petite fille… Il a été dans tous les délires de Coco. Pareil pour les costumes. Je voulais travailler avec quelqu’un qui connaissait bien cette communauté et lorsque j’ai rencontré Carine Sarfati, j’ai su que j’avais trouvé la bonne personne. Elle n’allait pas avoir peur de faire péter les couleurs ! »

- : « La musique participe aussi à ce délire de Coco… »

Gad Elmaleh : « Là encore, c’est une histoire d’affinités et de rencontre. Je voulais travailler avec Stéphane Lopez, qui est très doué, que j’aime beaucoup, qui a fait la musique de mes spectacles, même s’il n’avait jamais fait de long métrage. Je rêvais d’une musique qui, dans les moments de démonstration, soit dans le “bling bling“ et dans la joie, mais qui, dans les scènes plus graves, accompagne l’émotion, comme dans la scène où Coco parle avec sa mère et où ce sont des instruments du bled qui viennent nous chercher aux tripes. Je rêvais de ce mélange-là. »

- : « Comment définiriez-vous vos partis pris de mise en scène ? »

Gad Elmaleh : « J’ai compris que ce qui est très important pour moi - et que j’assumerai encore plus à l’avenir - c’est d’aller au bout de ce que je sens, de ce que je pense. Les moments où je me suis le plus écouté dans le film sont ceux qui me correspondent le plus, et je les aime, ce sont des moments de comédie qui ne sont pas très découpés. Quand la caméra filme la mère qui rappelle son fils à l’ordre, ça me parle, quand la caméra filme Steve Elbaz (Manu Payet) disant à Coco pendant la fête : “Alors tu es content ”, ça me plaît… Mon parti pris est simple : ne pas négliger les effets visuels, les souligner, les accompagner, les sublimer - et j’ai adoré les prises de vue en hélicoptère, les scènes de figuration, le bateau, le stade de France, etc. - mais quand on est dans le jeu pur, laisser simplement les acteurs jouer la comédie. J’aime lorsque deux acteurs sont dans le même plan et jouent ensemble. Le rythme de jeu est alors naturel et pas dicté par le découpage ou par le montage. Pour moi, la règle d’une bonne comédie, c’est le rythme. Mais le rythme de jeu pas le rythme de montage. D’autant que les dialogues ici sont importants. On a affaire à des gens qui parlent, qui “tchachent”, on est sur les mots, on est sur des expressions particulières. “Arrête de faire ton Jean Jacques”, par exemple, les gens peuvent se dire “C’est quoi ce truc ?!”, mais pour moi, c’est très assumé alors je veux qu’on le voit bien quand Coco le dit. »

- : « C’est la première fois que vous dirigiez des acteurs… »

Gad Elmaleh : « … et ça a été un plaisir absolu. C’est peut-être même ce que j’ai préféré. J’ai adoré les jours où je ne jouais pas… »

- : « … il n’y en a sans doute pas eu beaucoup ! »

Gad Elmaleh : « Non ! Mais ces jours-là, j’adorais mettre ma casquette de metteur en scène, voir jouer les acteurs, les regarder dans le cadre, aller chercher des choses avec eux… C’était vraiment très très excitant. En plus, j’ai découvert que j’avais un truc organique, chimique, qui est de sentir immédiatement si un dialogue ne sonne pas exactement juste. Je n’ai pas travaillé pour rien avec Francis Veber ! Mais sans l’imposer, j’aime chercher cette petite musique avec les acteurs. Et lorsqu’elle sonne juste, c’est quelque chose qui, au quart de tour, me prend littéralement à l’estomac… »

- : « Et vous, avez-vous ressenti le besoin d’un regard extérieur sur votre jeu ? Surtout avec un personnage pareil, comment saviez-vous si vous alliez trop loin ou non ? Pour rendre crédible son exubérance, tout est affaire d’équilibre et paradoxalement de subtilité, de nuance, est-ce possible de gérer cela tout seul ? »

Gad Elmaleh : « C’est un personnage que je connais très bien et que, donc, je maîtrise plutôt bien. Mais j’ai eu un peu d’aide. Quand je fais de la scène, je travaille beaucoup avec ma soeur Judith, c’est elle qui est mon oeil extérieur. C’est très important. Sur le film, c’est plutôt Chantal Pernecker, ma scripte, qui m’a aidée. C’est elle que je regardais dès la fin de la prise. Elle m’a aidé aussi, comme ma première assistante, pour mon découpage, pour organiser le filmage. Il y a eu en effet des prises où j’étais allé trop loin, où je m’étais perdu, où j’avais perdu l’accent ou les gestes… L’autre règle d’une bonne comédie, c’est en effet que même les trucs les plus fous, les plus extravagants soient crédibles. D’autant que Coco c’est un homme qui a un grand coeur, il met du temps certes à entendre ce qu’on lui dit, mais il finit par l’entendre… »

- : « Diriez-vous au bout du compte que de vouloir vous mettre en scène vous même au cinéma c’était pour avoir plus de contrôle ou plus de liberté ? »

Gad Elmaleh : « Les deux ! Je n’aime pas beaucoup le mot contrôle mais plus de maîtrise sur le projet global, oui, et plus de liberté pour moi en tant qu’acteur. Parce que je pouvais essayer des choses, m’accorder des moments d’improvisation totale. Il y en a beaucoup. La scène de la danse par exemple… J’avais juste imaginé qu’on allait faire un petit pas de danse mais pas plus ! J’ai vraiment beaucoup aimé tout ça, j’ai déjà très envie de repartir sur un autre film et je suis en train de penser à plein d’idées. J’ai hâte de faire un deuxième film, de mettre en application ce que j’ai appris. »

- : « Si Coco pouvait voir le film, que pensez-vous qu’il dirait ? »

Gad Elmaleh : « Il dirait : “Quel hommage ! mais vous n’avez pas mis assez !” »


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Fiche technique
Réalisateur : Gad Elmaleh
Scénario : Gad Elmaleh et Caroline Thivel
Première assistante réalisateur : Véronique Labrid
Directeur de la photographie : Gilles Henry, Afc
Chef décorateur : Jacques Rouxel
Chef monteur image : Jennifer Augé
Créatrice de costumes : Carine Sarfati
Scripte : Chantal Pernecker
Casting : Sylvie Peyrucq
Chef opérateur son : Laurent Zeilig
Chef monteur son : Nikolas Javelle
Mixeur : Jean-Paul Hurier
Co-mixeur : Marc Doisne
Musique originale : Stéphane Lopez
Régisseur général : Alain Mougenot
Chef maquilleuse : Turid Follvik
Chef coiffeuse : Agathe Moro
Photographe de plateau : David Koskas
Producteur : Ilan Goldman
Producteur associé : Catherine Morisse - Monceau
Directeur de production : Marc Vade
Directeur de la post-production : Abraham Goldblat
Coordination de la production : Axel Décis
Une coproduction : Legende, Legende Films, Ks2 Cinéma, Studiocanal et Tf1 Films Production
Avec la participation de : Canal+

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à Rania Tadjine
logos, textes & photos © www.studiocanal-distribution.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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