* Los bastardos

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Los bastardos drame de Amat Escalante (interdit au -12 ans)


















avec :
Jesús Moisés Rodríguez, Rubén Sosa, Nina Zavarin, Kenny Johnston, Trevor Glen Campbell, Aron Briggs et Eric Fettes


durée : 1h35
sortie le 28 janvier 2009

***

Synopsis
A Los Angeles, comme chaque matin, Fausto et Jesús, deux travailleurs mexicains clandestins, attendent au coin d’un terminal de bus dans l’espoir d’être embauchés. Les tâches sont ingrates et très mal payées, mais la nécessité de gagner un peu d’argent leur met une pression intense.
Aujourd’hui, ils ont trouvé un travail beaucoup mieux payé.
Aujourd’hui, leur outil de travail est un fusil à canon scié.


***

Entretien avec Amat Escalante
Dileck Aydin : « D’où vous est venue l’idée d’écrire ce scénario ? Comment avez vous procédé ? »

Amat Escalante : « Je ne pense pas que ce film soit le fruit d’une réflexion ponctuelle. Mon dernier film Sangre résulte davantage d’une idée qui m’avait traversé l’esprit. Los bastardos est une partie de moi-même, une partie issue des conséquences de mes expériences personnelles et des circonstances dans lesquelles elles ont totalement échappé à mon contrôle. J’ai vécu à peu près aussi longtemps aux Etats-Unis qu’au Mexique. Mon père traversa la frontière clandestinement avant ma naissance, et en garda des séquelles aux mains. Il m’a raconté cette histoire des dizaines de fois, et malgré tout cela me semblait toujours aussi invraisemblable que des gens prennent autant de risques. Dans quel but ? Un autre membre très proche de ma famille a passé la frontière en marchant à travers un tunnel d’égoûts pendant plus de 12 heures.Voilà, j’en suis sûr, la genèse de Los bastardos, enrichie de toutes les expériences dont j’ai eu connaissance.
J’ai écrit ce scénario avec mon frère Martín, à distance, alors que j’écumais les festivals de films internationaux et durant mes 5 mois passés à la Cinéfondation. Martín est meilleur que moi pour l’écriture, je me contentais donc de lui donner mes idées par mail. Il les organisait ensuite, puis nous retravaillions le texte ensemble et le finalisions. Nous avons consacré beaucoup de temps à l’écriture avant de commencer à tourner car c’est un sujet très difficile.
»

Dileck Aydin : « Comment avez-vous décidé des lieux de tournage ? Aviez-vous une raison particulière de situer l’intrigue principale à Los Angeles ? »

Amat Escalante : « A partir du moment où je commence à réfléchir aux scènes, j’aime que mes histoires se placent dans des endroits que je connais bien car cela me permet de maîtriser parfaitement mon espace. Pour ce film, j’ai imaginé les lieux mais toujours à partir d’une idée pré-existante de constructions standardisées comme on en trouve tellement dans les quartiers résidentiels des Etats-Unis. Une fois le scénario achevé, il s’agissait de trouver le lieu le plus adapté. Ce qui ne fut pas chose aisée car, à l’image d’une chaîne de restaurants fast food, les lieux se ressemblaient tous terriblement. Je voulais montrer des lieux tout à fait ordinaires, des lieux devant lesquels les gens passent tous les jours sans les remarquer car ce sont des lieux fonctionnels. »


Dileck Aydin : « Vous avez travaillé avec un casting varié composé d’acteurs internationaux. Certains d’entre eux sont des professionnels, mais la plupart sont amateurs. Comment cela a-t-il influencé la production ? Avez-vous eu des difficultés à diriger vos acteurs ? »

Amat Escalante : « Trouver les deux rôles nous a demandé beaucoup de temps et d’énergie. Mon frère Martín s’est, en effet, attelé à cette tâche pendant près d’un an et demi. Je suis aujourd’hui très heureux d’avoir réussi à dénicher ces deux garçons dans la rue et de les avoir aidés à incarner mes personnages tels que je me les imaginais.
Pour ce qui est de Jesús Moisés Rodrigues, qui interpréte Jesús, nous l’avons rencontré sur un chantier dans ma ville natale de Guanajuato, au Mexique. Il était exité par l’idée,et moi j’étais excité d’avoir enfin trouvé un tel visage et une telle personnalité. Mais ce fut extrêmement difficile de le faire entrer légalement aux Etats-Unis. Nous avons fait une première demande qui fut rejetée, ce qui provoqua un report du tournage, mais finalement nous avons réussi.
Ruben Sosa, qui joue Fausto, est l’exemple même des miracles du cinéma. Deux jours avant le début du tournage, la personne initialement prévue pour le rôle a pris peur et s’est retirée du projet. Nous avons donc dû faire face à l’énorme pression de trouver quelqu’un d’autre en moins de deux jours ou de devoir repousser à nouveau le tournage, ce qui aurait été désastreux. Toute l’équipe de production s’est donc mise à arpenter les rues à la recherche de
l’oiseau rare. Ma directrice artistique, Daniela Schneider, a trouvé Ruben déambulant au coin d’une rue, et nous avons pu commencer le tournage le jour suivant.
J’ai eu le plus grand mal à diriger Ruben du fait de son jeune âge et de son histoire personnelle. Pour les deux acteurs, les plus grands défis furent la concentration et la mémorisation. J’ai dû faire preuve d’une grande imagination pour arriver à mes fins. Par conséquent, la plupart des dialogues diffèrent du scénario initial mais collent parfaitement au langage employé dans la vie réelle.
Je savais que la rencontre entre ces deux jeunes hommes mexicains et cette femme américaine serait un élément important et causerait à elle seule une réaction, une certaine gêne sans qu’il soit nécessaire que j’en fasse davantage. J’ai eu la chance de trouver Nina Zavarin après avoir auditionner près de 300 actrices d’Hollywood. Le projet lui tenait particulièrement à coeur, elle était prête à s’y investir totalement et à faire des choses que beaucoup d’autres auraient hésité à faire. Durant le tournage, ces trois personnalités ont instauré une véritable relation de connivence entre eux et envers moi.
»

Dileck Aydin : « Los bastardos est principalement tourné de jour, mais nous pouvons dire que c’est un film sombre tourné à la lumière du soleil. Quelle était la raison majeure de cette opposition entre thème et éclairage ? »

Amat Escalante : « Oui, tout à fait. Je voulais avoir l’intensité et la rudesse de la lumière du jour où rien ne peut se cacher. Les Etats-Unis sont, pour moi, un pays propre et bien entretenu où beaucoup est fait pour dissimuler la saleté sous le béton. En tant que Mexicain, c’est particulièrement surprenant de traverser la frontière vers le Mexique et de voir et sentir une telle différence entre les deux pays. C’était donc très important pour moi de montrer cela. De plus, j’avais à l’esprit un film qui ne puisse se réfugier dans la pénombre ou derrière de jolis décors. »

Dileck Aydin : « Les écrans verts et rouges au début et à la fin du film sont relativement importants pour la compréhension de la tonalité du film. Quel était votre but en les insérant ? Comment influencent-ils le film dans son ensemble ? »

Amat Escalante : « A la base, je cherchais à instaurer un sentiment de menace omniprésente. Quelque chose qui nous dépasse et qui est indéfinissable. J’ai donc imaginé ces couleurs et cette musique comme une matérialisation de ce sentiment. C’est en fait quelque chose qui m’est venu instinctivement alors que je montais le film, et j’ai donc du mal à trouver les mots justes pour expliquer cela. Ca ne m’a pas dérangé, jusqu’à maintenant, de filmer des choses sans pouvoir les expliquer. Autrement quel intérêt ? »


Dileck Aydin : « Combien de temps a nécessité la production ? Combien de temps a duréla préparation ? »

Amat Escalante : « La préparation a duré deux mois, après les deux années de développement. Puis le tournage s’est étalé sur cinq intenses semaines. »

Dileck Aydin : « Quel est le moment de la production qui vous a le plus touché ? »

Amat Escalante : « A un niveau personnel, je pense que la chose la plus intéressante et la plus incroyable que j’ai renouvelé avec mon second film est d’avoir travaillé avec deux acteurs non professionnels qui, au début, ne pouvaient croire qu’ils allaient vraiment jouer dans un film. Les emmener ensuite à Cannes sera une expérience qui va changer leurs vies ainsi que la mienne. »

Dileck Aydin : « Avez-vous rencontré une quelconque résistance ou hésitation de la part des acteurs ou de l’équipe concernant la violence du film ? »

Amat Escalante : « Non, je pense que nous sommes tous habitués à la violence de nos jours. »

Dileck Aydin : « Les deux longues prises au début et à la fin du film l’encadrent avec délicatesse et efficacité. Aviez-vous anticipé cela avant le montage ? »

Amat Escalante : « Je voulais démarrer le film de façon pure, concrète, solide et impénétrable etle finir dans la terre et la saleté à partir de quoi quelque chose peut grandir. Le reste n’était pas délibérement prévu mais est davantage le fruit de l’instinct. La dernière prise du film est en fait un accident. Ne réussissant pas à finir tel que nous l’avions prévu dans le scénario, nous avons essayé plusieurs autres choses. Finalement,ce qui est dans le film est la dernière prise de la journée et l’acteur ne s’était même pas rendu compte que nous étions encore en train de tourner. Il s’est littéralement, bien qu’inconsciemment, livré à moi et j’étais stupéfait. Après avoir dit Coupez,je savais que je tenais là, le dernier plan du film. »

Dileck Aydin : « Vous avez travaillé avec un monteur turque, Ayhan Ergürsel qui a monté tous les films de Nuri Bilge Ceylan. Avez-vous éprouvé des difficultés avec cette diversité culturelle dans le travail ? »

Amat Escalante : « C’était très agréable de travailler avec Ayhan, il possède un véritable instinct cinématographique. Il sait faire ressortir au montage les émotions des personnages. Bien qu’il ne parle ni anglais ni espagnol nous étions capable de communiquer ensemble à travers le langage du cinéma. »


***

Fiche technique
Réalisation : Amat Escalante
Scénario : Amat Escalante et Martín Escalante
Directeur de la photographie : Matt Uhry
1er assistant réalisateur : Alex Ezpeleta
2ème assistant réalisateur : Kenny Johnston
Montage : Ayhan Ergürsel et Amat Escalante
Direction artistique : Daniela Schneider et Zümrüt Çavusoglu
Directeur de production : Gabriel Abraham
Chef décorateur : Gabriel Abraham
Superviseur des effets visuels : Stéphan Kosinski
Ingénieur du son : Alejandro de Icaza et Raul Locatelli
Son : Raúl Locatelli
Directeur de production : Gabriel Abraham et Rodrigo X. González
Distribution : Le Pacte
Attaché de presse :  François Hassan Guerrar et Charlotte Tourret

***
 


présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Philippe Lux

logos, textes & photos © www.le-pacte.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article