* Le bal des actrices

Publié le par 67-ciné.gi-2009

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Le bal des actrices comédie de Maïwenn

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avec :
Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Marina Foïs, Estelle Lefébure, Maïwenn, Linh-Dan Pham, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole Roche, Karin Viard, Joey Starr et Nicolas Briançon

durée : 1h45
sortie le 28 janvier 2009

la bande originale du film est distribué par :
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disponible sur les sites marchands officiels suivants :
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Synopsis
Une réalisatrice veut faire un documentaire sur les actrices, toutes les actrices : les populaires, les inconnues, les intellos, les comiques, les oubliées... Filmant tout, tout, tout, avec ou sans leur accord, la réalisatrice va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi fragiles que manipulatrices...

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Interview de Maïwenn
- : « D’où est née l’envie de Le bal des actrices ? »

Maïvenn : « J’ai toujours eu envie d’écrire un film sur des actrices. C’est mon plus grand rêve. Pardonnez-moi était une nécessité. Je me suis même lancée dans l’aventure de Pardonnez-moi sans savoir si le film sortirait un jour. Alors que Le bal des actrices est vraiment un rêve de petite fille. En fait, après Pardonnez-moi, j’hésitais entre Le Bal des Actrices et un autre film plutôt sombre. Et j’ai choisi le camp de la légèreté… à ce moment, aller vers de la légèreté représentait une nécessité pour moi. J’avais envie de rire et de danser ! »

- : « Vous n’avez jamais envisagé autre chose qu’un film léger pour évoquer les actrices ? »

Maïvenn : « J’avais envie de faire rire ! Et je crois qu’à partir d’aujourd’hui tous mes films seront comme ça. C’est Pardonnez-moi qui fausse la donne ! Car, à la base, je suis une spectatrice qui préfère rigoler. Je suis une fan de comédie. Je pourrais passer ma vie à rire. »

- : « Une comédie est plus facile à écrire qu’un drame ? »

Maïvenn : « Je ne sais pas. En tout cas tourner est une période beaucoup plus joyeuse que l’écriture, que ce soit pour un film sombre ou une comédie. .. J’ai écrit le scénario en un an. »

- : « Pour prendre les choses dans l’ordre, comment commence l’écriture du scénario d’un tel projet ? »

Maïvenn : « Je voulais plusieurs profils de comédiennes à des stades différents de leur carrière : débutantes, connues, pas connues, has been, sex symbol… j’avais écrit plusieurs versions mais je devais peaufiner sur mesure donc je devais avoir les actrices. Je me suis fait une liste des actrices avec lesquelles j’avais envie de travailler. Et j’ai été les voir une par une en leur disant : je vous aime. J’ai envie de faire un film avec vous. Je n’ai pas encore de rôle concret à vous proposer car je vais écrire pour chacune de celles qui l’acceptent. Et leurs réactions ont dessiné la suite de ce projet. Certaines ne m’ont pas plu ou l’approche avec leur agent était déjà trop compliquée en soi. Mais la plupart des comédiennes se sont engagées sans lire ! »

- : « Quand les actrices vous ont donné leur accord, comment s’est alors déroulé le processus d’écriture ? »

Maïvenn : « J’aimerais que ma fausse réputation cesse. Je passe beaucoup plus de temps qu’on ne croie à écrire. Je ne fais pas tout à l’improvisation. Le scénario du Le bal des actrices existe ! Simplement, je ne veux pas enfermer les acteurs dans un carcan. Donc, sur le plateau, si après avoir lu la scène, ils veulent changer certains mots, cela ne me dérange pas ! L’essentiel pour moi est qu’ils se sentent libres. Je ne suis pas attachée à mes dialogues. Je veux sentir la vérité coûte que coûte. Et quand ils sont à l’aise, les acteurs, souvent, me sortent des répliques à eux, qu’il m’arrive de garder. »

- : « Pourquoi Mélanie Doutey et pourquoi lui avoir confié ce rôle d’Angelina Jolie à la française ? »

Maïvenn : « J’ai été la voir au théâtre. J’ai trouvé cette fille tellement spontanée, rigolote et pleine de vie, que j’ai eu envie de la filmer. Je lui ai même demandé ce qu’elle aimerait jouer. Et je me suis rendu compte que j’avais en face de moi un clown professionnel. Une fille qui comme moi et la plupart des actrices de mon film, ne pense qu’à une chose : rigoler toute la journée, faire le pitre, des imitations… Et pour son personnage dans le film, je me suis inspirée d’une actrice très connue dont je tairai le nom qui expliquait, dans les journaux, qu’elle avait besoin plusieurs fois par an d’aller se ressourcer dans des pays pauvres et lointains avec un sac à dos sur les épaules, ses godillots et le Guide du Routard. Et puis, un jour, dans Voici, j’ai vu des photos d’elle, effectivement dans un pays très lointain, mais… dans un hôtel cinq étoiles, en train de se faire servir un jus d’orange par un serveur aux gants blancs. Ça m’a fait mourir de rire… »

- : « Passons à Karin Viard… »

Maïvenn : « Après la sortie de Pardonnez-moi, elle m’a laissé un message qui me faisait entendre qu’elle était simple d’accès et aimait ce genre de cinéma vérité. J’en ai donc profité pour demander un rendez-vous. Et elle a compris en deux secondes le principe de mon film. Elle m’a tout de suite dit : Dans la vie, je perds tous mes moyens quand il s’agit de parler anglais. Je pense donc que je peux m’amuser avec ça. J’ai rebondi là-dessus pour son personnage. »

- : « Dans votre film, elle tourne avec Bertrand Blier. Il a été facile à convaincre ? »

Maïvenn : « C’est mon idole ! Si j’ai un rêve d’actrice, c’est de tourner avec lui un jour. Mais c’est particulier de se retrouver à diriger quelqu’un dont on rêve qu’il nous dirige ! J’ai en plus dû me décarcasser pour qu’il accepte car, au départ, il ne voulait pas. »

- : « Revenons aux comédiennes : Muriel Robin… »

Maïvenn : « C’est le premier spectacle que j’ai vu adolescente. Je devais avoir 12 ans et ce fut un vrai choc ! J’ai été fascinée. Et depuis, je n’ai raté aucun de ses spectacles et je lui ai proposé de chercher ensemble son personnage. Elle m’a fait part de sa souffrance de ne pas être assez demandée comme comédienne pour jouer autre chose que le clown de service. Et c’est sur cette piste que je suis partie. Elle n’a aucun problème à jouer en son nom propre des choses humiliantes. J’ai eu beaucoup de chance. »

- : « Charlotte Rampling… »

Maïvenn : « Elle aussi a été assez difficile à convaincre. C’est peut-être l’actrice qui m’impressionne le plus, et je ne crois pas être facilement impressionnable. J’avais envie de lui faire faire des choses différentes tout en me servant de la tristesse qui est dans son regard et percer son mystère ! Son personnage parle assez pudiquement du rapport à l’âge qu’ont les actrices. Et puis je voulais absolument lui faire chanter une chanson de JoeyStarr ! Leur différence est telle que ça m’excitait beaucoup. La première rencontre de JoeyStarr et Charlotte Rampling restera un souvenir inoubliable pour moi. »

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- : « Jeanne Balibar ? »

Maïvenn : « Je l’ai voulue dans mon film tout simplement parce que je l’aime ! Je lui ai demandé si ça l’amusait de jouer avec son côté actrice intello qui rêverait de tourner dans des films d’action. Et ça lui a plu. J’avais envie de traiter des étiquettes (celle-ci mais aussi, à travers mes autres héroïnes : les has been, les débutantes dans le cours de théâtre, les filles de…). »

- : « Julie Depardieu ? »

Maïvenn : « Julie est arrivée à la fin parce qu’une actrice m’a plantée à la dernière minute. Cette comédienne m’avait demandé de lui écrire un sujet qui lui était très personnel : celui de jouer systématiquement des rôles de mères alors qu’elle-même n’arrivait pas à avoir d’enfants. Mais au moment où elle l’a lu noir sur blanc, elle a eu peur, elle a trouvé ça trop personnel (!!!) et a changé d’avis. J’ai alors pensé à Julie. Et, coup de chance pour moi, elle a aimé. Cela prouve une fois de plus que les obstacles qu’on rencontre sont là pour vous rendre service. Car Julie est mille fois plus inventive que l’actrice qui a changé d’avis. J’ai ensuite réécrit le personnage pour Julie. »

- : « Et Romane Bohringer ? »

Maïvenn : « On était copines quand on avait 15-16 ans, on s’était perdues de vue puis retrouvées et on avait envie de tourner ensemble. Mais, à ce moment-là, le scénario était bouclé et tous les rôles distribués. Et il fallait que je fasse attention à ne pas rajouter de rôles pour ne pas faire exploser la durée de mon film et son budget ! Je lui ai donc proposé une petite scène sur la thématique fille de comédien, mais elle n’avait pas envie de travailler sur cette scène-là, tout en me précisant que si une comédienne se désistait, je n’oublie pas de penser à elle. Ca n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde ! Le rôle de l’actrice has been a été le rôle le plus difficile à trouver : toutes les actrices à qui je le proposais refusaient. Elles voulaient bien jouer une actrice has-been, mais pas avec leur nom propre, et je ne voulais pas céder. Toutes les autres actrices jouaient le jeu de l’autodérision et se risquaient à créer la confusion avec leur propre image, je ne pouvais pas faire une exception. J’ai alors appelé Romane au pied levé. Elle a réfléchi, m’a dit oui. Dans son cas, je n’ai rien modifié pour elle : elle a endossé le rôle de l’actrice has been tel qu’il était écrit. Romane n’a peur de rien. Elle a beaucoup de recul et donc beaucoup d’humour sur son métier ! »

- : « Linh-Dan Pham ? »

Maïvenn : « Comme tout le monde, j’ai été bluffée par sa prestation dans De battre mon coeur s’est arrêté. Linh-Dan avait envie de jouer quelque chose très proche d’elle en évoquant le rapport avec ses parents qui ne sont pas fiers d’elle. Comme son personnage dans le film, elle a fait une école de marketing… avant de revenir à sa première passion puisqu’elle avait débuté dans Indochine. Et de mon côté, le thème de la famille et des parents m’intéresse évidemment toujours. »

- : « Estelle Lefébure ? »

Maïvenn : « Avec elle, je voulais développer la thématique de la fille très belle et très pulpeuse qui n’est jamais respectée comme une actrice. C’est ce qui se passe en général d’ailleurs. Les belles actrices doivent toujours en faire deux fois plus pour être respectées ou elles ne le sont que dans des rôles où elles sont défigurées. Ca m’intéressait donc de traiter d’une ancienne mannequin qui lutte pour être considérée comme une actrice. Elle a tout de suite accepté, même à ma condition de se faire couper les cheveux tout court et d’en faire une scène pour le film. Elle m’a juste demandé de ne pas prononcer le nom de son mari. »

- : « On va redécouvrir dans votre film Karole Rocher, révélée voilà quelques années dans Un frère avec Emma de Caunes… »

Maïvenn : « Là aussi, j’avais très envie de travailler avec elle. C’est un bonheur de tourner avec elle, c’est une fille très expressive, très drôle, très inventive, très créative, avec un caractère et une manière de parler qui la rendent unique, c’est un cheval sauvage, j’ai une passion pour Karole. Et pour son personnage d’actrice débutante, je me suis à la fois inspirée de son histoire à elle et de la mienne lorsque j’ai moi-même pris des cours de théâtre. Les histoires qui me sont arrivées nourrissent d’ailleurs la plupart des personnages. »

- : « Et enfin Marina Foïs… »

Maïvenn : « Ce qu’elle dit à un moment dans le film est vrai : je l’avais prise dans Pardonnez-moi et je l’avais coupée au montage. Mais je souhaite à tous les réalisateurs de tourner avec elle ! Chaque prise est différente. C’est toujours inventif, riche, drôle, émouvant… Marina est arrivée à la fin de ma distribution et je lui ai alors très honnêtement expliqué que je voulais retravailler avec elle mais que je ne savais pas quoi lui trouver. Et on a trouvé son personnage à la dernière minute. Celui-ci est en fait une synthèse entre sa problématique à elle et une histoire qui m’était arrivée et aussi il me permet de parler du physique, l’obsession des actrices à rester jeune. »

- : « Quelles sont les étiquettes les plus liées aux actrices selon vous ? »

Maïvenn : « Une actrice c’est une femme à son extrême, elle est un peu plus folle que les autres, elle a un peu plus besoin d’amour que les autres. Une femme devient actrice parce que c’est le meilleur moyen d’apaiser un manque affectif. Il ne faut pas se voiler la face, le métier d’acteur vient de là : le besoin d’être aimé et regardé. Mais quand on entend : ah les actrices et leur ego !, ah les actrices et leur carrière !, ah les actrices et leur physique !…, c’est n’importe quoi. Toutes les femmes du monde, quelle que soit leur profession, se préoccupent de leur physique ! Aussi c’est prétentieux de mépriser une actrice parce qu’elle se préoccupe de sa carrière : est-ce qu’on méprise une avocate ou une femme médecin parce qu’elle fait des concessions pour son métier ? Non. Et les hommes, n’en parlons même pas : ils peuvent tout se permettre pour leurs carrières. Enfin c’est absurde de penser que les actrices sont des mangeuses d’hommes ! Les actrices ne sont pas aimées des autres femmes en règle générale : parce qu’elles sont le fantasme de plein d’hommes, c’est un danger pour les femmes. Or, encore une fois, une actrice ce n’est qu’une femme qui a sa féminité poussé à son extrême, c’est pour cela que je pense que Le bal des actrices, au final, parle des femmes, et pas seulement des actrices. Il n’y a pas que les actrices qui veulent être aimées, regardées, il n’y a pas que les actrices qui veulent travailler tout en ayant des enfants. Les actrices sont un reflet de la situation de la femme à l’heure actuelle, donc les femmes peuvent facilement se retrouver en chacune d’entre elles… Le métier d’actrice dans mon film n’est qu’un prétexte à l’expression de la condition de la femme telle que je la vois aujourd’hui. »

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- : « Derrière chacun de vos portraits d’actrices il y a une part de l’actrice que vous êtes ou que vous avez été ? »

Maïvenn : « Oui en partie, mais essentiellement des actrices que j’ai croisées. Celles qui m’ont bouleversées, celles qui m’ont déçues… »

- : « Actrice, c’est un métier auquel vous préférez celui de réalisatrice ? »

Maïvenn : « Oui dans ma tête réaliser est mon métier. Mais jouer reste une fantaisie, un plaisir. Malheureusement je suis devenue très difficile avec le temps. J’ai envie de jouer si le projet est génial, or il y a peu de projets que je trouve originaux… Le personnage que joue JoeyStarr est inspiré de l’homme qui m’a donné confiance en moi. C’est la seule personne qui m’a poussé vers mes propres envies, qui n’étaient pas des envies conventionnelles, et qui étaient des envies risquées. Si je n’avais pas rencontré cet homme, je ne serais jamais là où j’en suis aujourd’hui. Je me suis construite en tant que réalisatrice grâce à cet homme qui voyait bien que le métier d’actrice n’était pas vital pour moi. Ce qui était vital pour moi c’était de raconter mes histoires, et pas de jouer celles des autres. »

- : « L’idée des chansons qui allaient traduire l’inconscient de chaque comédienne était présente au départ ? »

Maïvenn : « Oui ! Le concept entier du film était installé dès le début. Tout cela est en fait né au moment du montage de Pardonnez-moi. Je passais beaucoup de temps dans les transports en commun à écouter mon I-Pod. Et à force de rêvasser en écoutant les morceaux que j’aime, j’ai commencé à voir des images qui m’ont ramené à mes rêves de petite fille. Et au fur et à mesure, l’idée de Le bal des actrices a fait son chemin. Avec cette volonté de traduire l’inconscient des actrices en chansons. »

- : « Qui a composé les chansons ? »

Maïvenn : « Je drivais les auteurs par échanges de mails. Je leur faisais des listes de mots caractéristiques des différentes chansons. Et il y avait des allers-retours incessants entre nous au fur et à mesure. »

- : « Comment s’est passé le croisement entre les chanteurs et les acteurs ? »

Maïvenn : « Avant même de connaître mon casting de comédiennes, j’avais été voir les compositeurs avec qui j’avais envie de travailler. Je leur ai expliqué l’idée de mon film avec les différents thèmes que je souhaitais aborder tout en leur précisant que je ne savais pas encore quelles actrices l’interpréteraient. A ce moment-là, ceux qui étaient intéressés m’ont précisé le thème qu’ils préféraient développer dans leurs chansons et l’actrice pour laquelle ils préféraient écrire. Puis, une fois mon casting d’actrices réuni, je suis allée les voir une par une et leur ai donné les noms des compositeurs. Et à partir de là, j’ai fait des couples : Charlotte Rampling/JoeyStarr, Mélanie Doutey/Benjamin Biolay, Karin Viard/Anaïs… en fonction des affinités. »

- : « Alors détaillons vos choix des compositeurs… »

Maïvenn : « C’est avant tout une question de goût. Tous les artistes qui sont dans mon film sont tout simplement des gens dont j’aime le travail. »

- : « Anaïs… »

Maïvenn : « Ses chansons correspondent à l’humour de Karin. Et le thème de la chanson liée au personnage de Karin le moment où elle craque dans son casting en anglais l’inspirait particulièrement. Enfin, il se trouve que l’une et l’autre avaient la même envie de travailler ensemble. »

- : « Benjamin Biolay… »

Maïvenn : « Il a tout de suite dit qu’il était intéressé pour composer une chanson autour de l’actrice qui se prend la tête et qui est débordée à ne rien faire ! »

- : « JoeyStarr… »

Maïvenn : « Je le voulais depuis le départ pour faire un duo avec Charlotte Rampling ! Pour le contraste que ça pouvait créer. Avec une autre comédienne, ça n’aurait pas fonctionné de la même manière. Cela aurait été plus convenu … »

- : « A qui d’autre avez vous fait appel ? »

Maïvenn : « Nina Morato a composé 3 chansons : Le bal des actrices et celles pour Jeanne Balibar et Muriel Robin. Dans le cas précis de Muriel, c’est une chanson de Nina qu’elle aimait beaucoup et qui a été modifiée pour elle. Je suis une fan de Nina qui est une amie depuis 15 ans… J’ai aussi fait appel à Holden qui a signé la chanson de Romane. J’ai découvert ce groupe dans un cd des Inrocks. C’est eux qui ont eu envie de parler de l’actrice has been. Pour Linh-Dan, j’avais envie de quelque chose tendant vers la variété … Et comme Linh-Dan était une fan de Marc Lavoine, tout s’est fait naturellement. Au final, je me suis donc adaptée aux envies des uns et des autres en fait. »

- : « Comment avez-vous travaillé les chorégraphies ? »

Maïvenn : « Ca demande une précision de chaque instant. Je suis une fan de danse. J’adore les films qui parlent de danse et les chorégraphies. Concevoir toutes ces scènes a donc été un bonheur pour moi. En plus, le prof de danse qui a fait travailler les actrices est un ami dans la vie. Je suis allée à toutes les répétitions car je voulais connaître toutes les chorégraphies de chaque actrice en détail avant de commencer. Cela s’est étalé sur plusieurs mois… »

- : « Passons maintenant à votre casting masculin. Qu’est-ce qui vous a donné envie de diriger JoeyStarr ? »

Maïvenn : « Je l’ai rencontré pour lui proposer de faire cette chanson en duo avec Charlotte Rampling. Et, parallèlement, je cherchais le comédien qui allait jouer mon compagnon. Je voulais un acteur dont le comportement serait opposé au mien dans le film : qu’il aime le foot, qu’il n’ait pas envie que je lui prenne la tête avec mes films d’intello. J’avais pensé à Arié Elmaleh, Gilles Lellouche… Des mecs à la gouaille facile. Et puis, un jour, juste avant un rendez-vous avec lui, je l’ai vu plein de prévenance pour sa femme enceinte qui l’accompagnait. Il était tellement attentionné que je me suis dit que j’avais envie de le filmer comme ça ! Je lui ai donc proposé de jouer mon compagnon…. Il était très surpris, j’ai ré-écrit du sur-mesure pour lui. Quand j’ai dit aux producteurs que je voulais prendre JoeyStarr dans un des rôles rincipaux, ils ont eu très peur. Moi j’étais sûre de moi, je sentais que c’était un acteur, alors je lui ai fait passer des essais, plus pour rassurer les producteurs que pour moi, et les essais étaient renversants. JoeyStarr joue comme s’il se foutait de tout, et c’est comme ça que j’aime les acteurs en général, quand on croit qu’ils s’en foutent de tout. Chez les actrices en revanche, j’aime celles qui jouent comme si leurs vies étaient en jeu, j’aime le coté excessif chez elles, mais pas chez l’acteur. JoeyStarr est un homme très inspirant et inspiré. J’ai adoré le diriger, il est très réactif, et a les qualités et les défauts d’un acteur débutant : c’est très touchant. Je suis très fière d’avoir été la première à penser à lui pour jouer autre chose que le bad boy de service, le boxeur, ou le dealer … »

- : « Et Yvan Attal ? »

Maïvenn : « ça a été très dur de le convaincre, notamment parce qu’il y avait certaines choses qu’il ne voulait pas jouer. Et j’ai plié. Car pour quelqu’un que je veux à tout prix, je suis capable de beaucoup de concessions… Quand Blier m’avait dit non une première fois, j’avais récupéré son adresse perso et je m’apprêtais à aller dormir sur son palier ! Et heureusement, le dvd de Pardonnez-moi que je lui avais envoyé l’a conquis. Donc je n’ai pas eu à le faire. Mais s’il avait fallu, ça ne m’aurait posé aucun problème. »

- : « Et pour le personnage du producteur, pourquoi avoir choisi Nicolas Briançon ? »

Maïvenn : « Je l’ai découvert dans Il est plus facile pour un chameau… de Valeria Bruni-Tedeschi et, dès le départ, je l’ai voulu dans ce rôle. Pour écrire le personnage, je me suis évidemment inspiré de mon propre producteur et de tant d’autres qui ne pensent qu’à produire des comédies romantiques, parce qu’il paraît que c’est la bonne recette pour faire de l’argent dans l’industrie du cinema. C’est surtout exaspérant au moment du financement, quand les gens veulent à tout prix des acteurs bankables et se contentent de scénarios clichés et convenus. »

- : « Vous avez travaillé avec deux directeurs de la photo sur le tournage. Comment s’est passée la collaboration avec eux ? »

Maïvenn : « Ils sont en effet deux : Pierre Aïm et Claire Mathon. Claire avait fait mon premier film et comme j’avais adoré travailler avec elle, il était hors de question qu’on ne se retrouve pas. Mais mes producteurs ont voulu à ses côtés un chef opérateur plus expérimenté notamment pour rassurer certaines actrices. J’ai donc choisi Pierre. Mais il s’est tellement bien entendu avec Claire qu’il était hors de question pour lui d’être traité comme le seul chef opérateur. Et ils sont tous les deux crédités au générique. »

- : « Il était évident que vous jouiez la réalisatrice de ce documentaire à l’écran ? »

Maïvenn : « Oui. Cela me permettait ainsi de ne pas m’éloigner de mon statut de réalisatrice. Sans compter que cela motive énormément les acteurs de voir un réalisateur qui joue et qui est avec eux dans la scène. »

- : « Le fait de jouer est un plaisir pour vous ? »

Maïvenn : « Ca m’amusait de jouer la Maïwenn qui a pris la grosse tête. Une fille qui a pété un câble, qui se prend pour la nouvelle Sofia Coppola et snobe les gens qui lisent Voici. »

- : « Que vous a apporté concrètement l’expérience du premier long métrage sur celui-ci ? »

Maïvenn : « Je réfléchis et anticipe beaucoup plus vite les besoins que j’aurai au montage. C’est une différence majeure, bien que je ne me suis jamais sentie perdue sur le tournage de Pardonnez-moi, puisque j’avais déjà fait un court métrage. J’ai eu la chance d’avoir une équipe d’une solidarité exemplaire. Le fait d’avoir des moyens m’a aussi facilité les choses, tout comme celui de ne pas avoir de responsabilités financières directes comme pour Pardonnez-moi. J’avais des comptes à rendre au producteur mais cette fois-ci ce n’était pas mon argent ! Enfin, ce qui a énormément changé, c’est que les acteurs m’ont fait confiance ! Sur Pardonnez-moi, je n’étais qu’une débutante et j’avais conscience qu’on me prenait parfois pour une folle qui met sa vie en pellicule et règle ses comptes. Ils étaient plus méfiants envers moi (sauf Pascal Greggory qui m’a fait une confiance aveugle). Mais une fois que le film a existé et que les comédiens ont vu ce que j’ai sorti d’eux, ils étaient très fiers, et beaucoup d’acteurs m’ont sollicitée après Pardonnez-moi pour travailler avec eux. J’étais très flattée. Il n’y a qu’une chose qui m’intéresse sur un tournage : les acteurs. Le cadre, je m’en fous. Les décors, je m’en fous. Je me fous de tout sauf des acteurs. Tout est fait sur le plateau pour qu’ils soient à l’aise, qu’ils se sentent bien dans leurs costumes, que l’équipe technique soit gentille avec eux. Car s’ils sont bien, ils donneront le meilleur d’eux-mêmes et ils auront envie de me séduire. Je fais des films pour diriger les acteurs, rien d’autre. »

- : « Quel était l’écueil principal à éviter en faisant un film autour du cinéma ? »

Maïvenn : « La complaisance. Des films sur les actrices ou le milieu du cinéma, il y en a déjà eu beaucoup et il y en aura plein d’autres ! Aucune idée au monde n’a jamais été inexploitée. Tout se joue sur la manière dont on la traite. Comme le dit Philippe Caubère : l’art, ce n’est pas l’idée mais la manière ! . »

- : « Vous travaillez déjà sur votre prochain film ? »

Maïvenn : « Oui. Cela me permet de relativiser. C’est important d’avoir plusieurs sujets à l’esprit. »

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Fiche technique
Réalisatrice : Maïwenn
Scénario : Maïwenn
1er assistant réalisateur : Frédéric Gérard A.F.A.R
Image : Pierre Aïm et Claire Mathon
Son : Pierre-Yves Lavoué
Décors : Nicolas de Boiscuillé
Costumes : Marité Coutard
Régie : Laurent Rizzon
Montage image : Laure Gardette
Montage son : Rym Debbarh-Mounir et Sandy Notarianni
Mixage : Emmanuel Croset
Photographes : Hatem Bali et Emanuele Scorcelletti
Musique originale composée par : Gabriel Yared
Chansons composées par : Anaïs, Benjamin Biolay, Pauline Croze, Holden, Alexandre Javaud, Marc Lavoine, Antonin Maurel, Nina Morato et Joey Starr
Salles, vidéo, étranger : Snd – Groupe M6
Producteurs : François Kraus et Denis Pineau-Valencienne
Production : Les Films du Kiosque
Co-production : France 2 Cinéma et Snd – Groupe M6
Avec la participation de : Canal Plus et Cinécinéma
Directeur de production : Antoine Beau
Date & lieu du tournage : du 24/09/2007 au 09/11/2007 - Paris

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements à Olivier Lebraud
logos, textes & photos © www.snd-films.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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